VOSTRE MAIESTÉ a étably dans son Royaume vne Paix si
profonde, que ceux de ses sujets que leur Naissance, & leur Condition destinent à la
seruir dans ses Armées, auroient bien-tost oublié les Exercices de Mars, si elle n’en
faisoit ses divertissemens ordinaires ; mais comme VOSTRE
MAIESTÉ est égallement remplie de valeur & de prudence, apres qu’elle s’est
seruy dans les commencemens des combats veritables, pour procurer le repos & l’abondance
à ses peuples ; elle veut se seruir dans la suitte de la representation de ces mesmes
combats pour empécher que, l’oisiueté qui accompagne ordinairement la Paix, ne fasse oublier
le mestier de la Guerre. Les Braues de l’Isle flottante se sont presentez tout afait a
propos à VOSTRE MAIESTE, pour l’aider en ce dessein ;
car ceux de la terre ferme p. 3
se sont si mal trouuez de V. MAIESTÉ, lors qu’ils ont eu
quelque chose a démeler auec elle par les armes, qu’ils auroient eü peine a paroîstre vne
seconde fois deuant elle dans les Ieux qui ont quelque figure de combat : ces Heros mesme
que la deliurance d’vne illustre captiuité deuoit auoir rendu intrepides, n’osent quasi se
resoudre a paroistre dans Vôtre Cour, apprehendant auec justice que les charmes de la
Reyne & des autres
Dames dont elle est composée ne les engagent dans vn nouuel esclauage qui leur
soit plus fácheux que le premier, parceque l’adresse & la galanterie de V. MAIESTÉ, estant infiniment au dessus de la leur, ils n’auront
pas la consolation d’y passer comme ils feroient dans le Palais d’Alcine pour des captifs les plus adroits & les plus galants du monde : mais
comme je considere dauantage le diuertissement de V.
Majesté, que leur interest, je ne laisse pas de les produire aujourdhuy contre
leur gré, pour luy seruir de Lustre, & afin que cette inegalité augmente sa gloire :
l’impuissance dans laquelle je me vois d’y contribuer dans les grandes choses, m’oblige a
recourir auec soin aux petites pour témoigner auec combien d’attachement & de respect je suis
SIRE DE VOSTRE MAIESTÉ.
Le tres-humble tres-obeïssant & tres fidel serviteur & sujet.
De Bizincovrt.
[p. 4]
AV ROY.
SONNET.
GRAND ROY, dont le mâle Courage
Fait si grand bruit de toutes parts,
Que celuy des douzes Cesars
En a moins fait durant leur âge.
Si je vous offre cét Ouurage
Où vous éclattez comme vn Mars,
Qui regarde tous les hazards
Sans jamais changer de visage.
Par vn noble trait de bonté
Commune à Vôtre Majesté,
Voyez-lè d’vn œil fauorable.
Et puisque c’est vôtre Tableau,
Monarque en tout incomparable
Que pouuez-vous voir de plus beau.
[p. 5]
Que la Nimphe a cent voix, fasse éclatter la vie.
Et monstre à nos nepueux, ce portrait sans egal,
S’ils s’estiment heureux, d’avoir une coppie
Nostre heur est bien plus grand d’auoir l’original.
[p. 6]
A LA REYNE
MERE.
MADRIGAL.
REYNE que l’Vnivers admire,
Et qu’il a sujet d’amirer ;
Qui pourroit dignement écrire
Les douceurs qu’aux François vous faittes sauourer ;
Vous êtes la source feconde
De cette Paix dont tout le Monde
Par les soins de LOVIS joüit en seureté,
Et sans vostre vertu digne de récompence,
On peut dire auec verité,
Qu’on n’auroit jamais eu tant de bonheur en France,
De posseder un Roy si remply de bonté.
[p. 7]
A LA REYNE.
EPIGRAMME.
Quoy que vótre beauté répande des lumieres
Capables d’éblouïr le Soleil de la Cour,
Qoy que vótre vertu vous attire l’amour
Et l’admiration des Prouinces entieres,
Que vous soyez du Rang de tant de demy-Dieux,
Qui porterent souz Mars leur gloire en tant de lieux,
Et firent dans ses Champs des Actes heroïques,
REYNE qui presidez dessus nos Fleurs de
LIS,
Ie prise moins en vous ces Titres magnifiques,
Que le Titre fameux d’Epouse de LOVIS.
[p. 8]LOVIS DE BOVRBONMARIE THERESE"
Que nous marque ce Chiffre en qui l’Amour assemble
Les charmes d’Alcine, qui n'auoit pas moins de beauté que de
sçavoir, retenant auprés d’elle, par vn double enchantement, le braue Roger, & plusieurs autres vaillans Chevaliers :
toutes ses pensées ne s’occuperent plus qu’à empescher leur fuitte, pour faire durer ses
plaisirs : elle joignit à la force, & à la situanon de son Palais, le pouuoir de ses
Demons, la fierté de ses Geans & celle de ses bestes
farouches, mais elle n’eut pas moins de confiance aux diuertissemens des
promenades, de la dance, des tournois, des festins, de la comedie & de la musique. Et comme elle auoit autant d’Amans que de Captifs, &
qu’ils ne pensoient tous qu’à luy plaire ; ces illustres Guerriers font vne partie de Course de bague, & prenant pour sujet les Ieux
Pythiens, auxquels Apollon presidoit, ils font leur entrée dans
la Lice, auec tous les ornemens dont ils peuuent l’accompagner, dans le plus beau lieu que
la Nature & l’Art ayent jamais formé, & embelly pour le plaisir de la vie : mais
cette belle Magicienne, de qui les enchantemens estoient d’vne
force prodigieuse, n’estant pas satisfaitte que sa puissance parust en un seul endroit de la
Terre ; afin de porter en tous lieux le triomphe de sa beauté, par les hommages de ses Cheualiers a rendu son Île flottante : & après auoir visité
plusieurs Climats, elle la fait aborder en France, où
par le respect & l’admiration que luy causent les rares Qualitez de la Reyne ; elle ordonne à ces Guerriers de faire
en faueur de sa Majesté, tout ce qu’ils auront pû
inuenter pour luy plaire par leur adresse, & par leur magnificence : elle ordonne à
onze de ses Chevaliers de se préparer pour cet effet,
lesquels commencerent ces diuertissemens par la Course de bague & entrerent dans le
Champ dans cet ordre.
Vn Héraut d’Armes accompagné du Page de
Roger, Chef de la Quadrille, portant la lance & l’écu de sa deuise, entra dans
le Champ suivy de deux autres Pages, de celuy de Guidon le sauuage,
Maréchal de Camp, & de celuy d’Oger le Danois, Iuge des Courses, portans les
lances & les écus de leurs Maîtres.
M.r le Duc de S.t Aignan souz le nom de Guidon le sauuage, parut precedé de quatre
Trompettes & deux Timballiers, huit autres Trompettes & deux Timballiers deuançoient
le Roy representant Roger, suiuy de M.r le Duc de Noailles nommé Oger le Danois.
En suitte les Chevaliers entrerent deux à deux, M.rsle Duc de Guise representant
Aquilant, & le Comte d’Armagnac, Griffon le blanc.
M.rs les Ducs de
Foix souz le nom de Renaud, & de
Coislin souz celuy de Dudon.
M.rsle Comte du Lude representant
Astolphe, & le Prince de Marsillac,
Brandimart.
M.rs les Marquis de Villequier nommé Richardet, & de Soyecourt, Oliuier.
M.rs les Marquis
d’Humieres souz le Nom d’Ariodant, & la Valliere
qui a remporté le prix de cette Course, souz celuy de Zerbin.
M.r le Duc
representant Roland.
Tous ces Cheualiers entrez dans le Champ, Apollon parut sur vn Char, conduit par le Temps ; ayant à ses pieds les quatre
Siecles, enuironné des douze heures du jour &
des douze Signes du Zodiaque. En suitte marcherent les
Pages des Cheualiers portans leurs lances & les ecus de leurs
deuisez vingt Pasteurs parurent chargez de diuerses pieces de la
Barriere, dont la Lice deuoit estre fermée pour la dresser en vn moment, ils entrerent p. 11tous par l’vn des quatre Portiques, qui aboutissent aux
quatre auenuës du Camp & après qu’ils eurent fait le tour, ils s’arrêterent deuant
les Reynes, Apollon & les quatres Siecles reciterent
quelques vers à la loüange de la Reyne. En suitte la Course de bague se fit, & la nuit
survenant, les enuirons de l’Île enchantée brillerent d’vn nombre
infiny de lumieres, & l’on vit entrer dans la même place trente quatre concertans precedans les quatres Saisons, le
Printemps monté sur vn Cheval d’Espagne accompagné de
douze Iardiniers; l’Eté monté sur
vn Elephant suiuy de douze
Moissonneurs ; l’Automne sur vn
Chameau auec douze Vandangeurs, & l’Hyuer sur vn Ours & pour sa suitte
douze Vieillards : Pan & Diane parurent ensuitte sur vne Machine portée
en l’Air & vn concert de Musique se fit entendre en
même temps, puis suiuirent vingt quatre de leur suitte portant les viandes de la menagerie
& les viandes de la chasse, puis dix huit Pages qui seruirent
les Dames
à la collation ; toute cette Trouppe rangée
les quatre Saisons, Pan & Diane se presenterent deuant la Reyne & luy dirent plusieurs vers, après quoy vne
table ornée de festons parut & fut couuerte par les
Plaisirs, les Ieux, les Ris
& les Delices, ce qui finit les diuertissemens de l’Île
enchantée pour ce premier jour.
[p. 12]
VICTRICIBVS ARMIS LODOICI FRANCORVM IMPERATORIS.
LVDOVICVS XIV. foelicitati Nationum
datus, Regum decus, humanae Gentis delitiae, hostium terror, suorum desiderium, omnium
admiratio.
[p. 13]
LVDOVICVS XIIII. FRANCORVM IMPERATOR
AUGVSTISSIMVS.
Aduersariis mari terraque deuictis, latè prolatis finibus, firmatis vbique
terrarum sociis, pace suis legibus orbi sancita.
NE QVID CESSARET HEROICA VIRTVS PALESTRICAM VICTORIAM NON DEDIGNATVR.
[p. 14][p. 15]
A MONSIEVR LE DVC DE
S.T AIGNAN.
EPIGRAMME.
Par tout où paroist ce grand Homme
Il s’y fait toujours admirer ;
S’il eust êté du temps de Rome
Rome l’auroit fait adorer ;
Il est cent Dieux dedans l’Histoire
Dont elle a celebré la gloire
Qu’on connoist encore aujourdhuy,
Qui ne meritoient pas d’être Dieux comme luy.
[p. 16]
FRANÇOIS DE BEAUVVILLIER.
François de Beauuillier Duc de St. Aignan, Cheualier des Ordres du
Roy, Duc & Pair de France, Gouuerneur de Tourraine, ville & Chasteau de Loches,
& Premier Gentilhomme de la Chambre du Roy.
[p. 17]
DE MIS GOLPES MI RVIDO.
GVIDON LE
SAVVAGE.
Les Combats que j’ay faits dans l’Isle dangereuse
Quand de tant de Guerriers je demeuray vainqueur,
Suiuis d’une épreuue amoureuse,
Ont signalé ma force aussi bien que mon cœur.
La vigueur qui fait mon estime,
Soit qu’elle embrasse vn party legitime,
Ou qu’elle vienne à s’échapper ;
Fait dire pour ma gloire aux deux bouts de la Terre,
Qu’on n’en voit point en toute Guerre,
Ny plus souuent, ny mieux frapper.
[p. 18]
AV ROY.
EPIGRAMME.
SI Roger s’acquît de la gloire
Parmy les braues de son temps,
Par quelques Exploits éclattans
Que nous raconte son Histoire ;
Que ne doit-on pas croire vn jour
De ce bel Astre de la Cour,
LOVIS, le plus grand Roy du Monde,
Puis qu’il a fait luy seul plus d’illustres Exploits
Que tous ces Preux, errans sur la Terre & sur l’Onde.
Et plus que deuant luy n’ont fait soixante Roys.
[p. 19]
NEC CESSO, NEC ERRO..
ROGER.
Ce n’est pas sans raison, que la Terre & les Cieux,
On tant d’étonnement pour vn Objet si rare ;
Qui dans son cours penible autant que glorieux,
Iamais ne se repose, & jamais ne s’égare.
[p. 20]
LOVIS XIV.
DIEV-DONNÉ, Roy de France & de Nauarre, Chef & Souuerain Grand Maistre de l’Ordre
du S.t Esprit, Fils de Louis le Iuste
13. du Nom aussi Roy de France & de Navarre, & de la Reyne, Fille de Philippe 3.
Roy d’Espagne.
[p. 21]
A MONSIEVR LE DVC DE
NOAILLE.
SONNET.
Il est aussy vaillant que son Ame est fidelle,
Il ose & tente tout pour bien seruir son Roy,
De ses ordres frequens il s’en fait vne loy,
Qu’en faisant observer, il observe auec zele.
Tout ce qui peut donner une gloire immortelle,
Ce genereux Seigneur le possede dans soy,
La Cour en est charmée, & l’on sçait comme moy
Qu’il est de ses vertus vn illustre Modelle.
Il est propre au Conseil, à la Plume, au Combat
Souz le faix des trauaux jamais il ne s’abat,
Il est actif en Paix, il est actif en guerre.
Et si de nos Heros on en faisoit des Dieux
NOAILLE auroit bientôt plus d’Autels sur la
Terre,
Qu’on ne voit d’icy bas d’étoilles dans les Cieux.
[p. 22]
ANNE DE NOAILLE.
Comte d’Ayent, Marquis de Montelar, & de Chambrés, Baron de Malemore, &
Charbonnieres, Duc & Pair de France, Cheualier des Ordres du Roy ; Premier Capitaine
des Gardes du Corps de Sa Majesté, Gouuerneur & Lieutenant general pour Sa Majesté des
Comtez de Roussillon, de Conflans, & partie de Sardaigne, Capitaine general desdits
Pays.
[p. 23]
FIDELIS ET AUDAX.
OGER LE
DANOIS.
Ce Paladin s’applique à
cette seule affaire
De seruir dignement le plus puissant des Roys,
Comme pour bien juger il faut sçavoir bien faire,
Ie doute que personne appelle de sa voix.
[p. 24]
A MONSIEVR LE
DVC
EPIGRAMME
Dedans le poste où je le vois
Aupres du plus grand de nos Roys
Et l’esperance qu’il nous donne
Estant bien fait de sa personne
Brûlant de si noble chaleur
Qu’il paroist la mesme valeur,
Vn oracle secret m’anime & me suggere
De dire dans ces vers que ce jeune Vainqueur
Dans le Mestier de Mars supassera son Pere.
[p. 25]
LOVIS IVLES DE
BOVRBON.
Duc d’Anguien, Prince de Sang, Grand Maistre de France, & Chevalier des Ordres du
Roy.
[p. 26]
CERTÒ FERIT.
ROLAND
Roland fera bien loin son grand
Nom retentir,
La gloire deuiendra sa fidele Compagne,
Il est sorty d’vn Sang qui brûle de sortir
Quand il est question de se mettre en Campagne,
Et pour ne vous en point mentir,
C’est le pur Sang de Charlemagne.
[p. 27][p. 28]
A MONSIEVR LE DVC
DE GVISE.
EPIGRAMME.
Quand dedans le champ des combats
Il estoit besoin de combattre,
Comme son bras en valloit quatre
Il en mettoit plusieurs à bas ;
Et lorsque dans vne carrière
Il falloit battre la poussiere
Il y tromphoit des premiers ;
Ainsy se rendant necessaire,
Pourueu qu’il s’agit de Lauriers,
Il étoit vn Prince à tout faire.
[p. 29]
HENRI DE LORRAINE.
Duc de Guise, Pair de France.
[p. 30]
ET QVIENSCENTE PAVESCVNT.
AQVILANT LE
NOIR.
La Nuit a ses beautez de mesme que le Iour,
Le noir est ma couleur, je l’ay toûjours aimée
Et si l’obscurité conuient à mon amour,
Elle ne s’estend pas jusqu’à ma renommée.
[p. 31]
A MONSIEVR LE COMTE
D’ARMAGNAC.
EPIGRAMME.
Vit-on dedans l’Antiquité,
Vn Heros qui luy fût semblable,
Mars dans vn grand combat seroit moins redoutable,
Et n’auroit pas l’activité
Qu’en cette Course incompable
Il fait voir à sa Masjesté.
[p. 32]
LOVIS DE LORRAINE.
Comte d’Armagnac, pourueu en suruiuance de la charge de Grand Escuier de France & du
gouuernement d’Anjou.
[p. 33]
EX CANDORE DECVS.
GRIFFON LE
BLANC.
Voyez quelle candeur en moy le Ciel a mis,
Aussi nulle beauté ne s’en verra trompée,
Et quand il sera temps d’aller aux ennemis,
C’est où je me feray tout blanc de mon espée.
[p. 34]
A MONSIEVR LE
DVC DE FOIX.
EPIGRAMME.
Tes nobles Qualitez & ta haute Naissance
Ne te font pas aimer seulement de la Cour,
Il n’est point de grand cœur dans le sein de la France
Qui ne joigne pour toy le respect à l’amour
Mais surtout ce qui te doit plaire
C’est que LOVS te considere ;
Auantage pour toy cent fois plus glorieux ;
Puisque dans le Siecle où nous sommes
C’est peu d’être estimé des Hommes,
Au prix d’être estimé des Dieux.
[p. 35]
GASTON DE FOIX.
Comte de Foix & de Candale.
[p. 36]
LONGÈ LEVIS AVRA FERET.
RENAVD.
Il porte vn Nom celebre, il est jeune, il est sage,
A vous dire le vray c’est pour aller bien haut,
Et c’est vn grand bonbheur que d’auoir à son âge
La chaleur necessaire, & le flegme qu’il faut.
[p. 37]
A MONSIEVR LE DVC
DE COISLIN.
EPIGRAMME.
De la maniere qu’il s’y prend
Ce Duc que le France reuere,
Il fait voir qu’il sera plus grand
Que ne le fut jamais son Pere,
S’il faut qu’vn jour dans les combats
Il fasse agir son jeune bras.
On le craindra comme vn tonnerre ;
Ce ne sont icy que des Ieux,
Cependant il y fait ce qu’vn Foudre de guerre
À peine pourroit faire en vn choc perilleux.
[p. 38]
ARMAND DV CAMBOVLT.
Chevalier Duc de Coislin, Baron de Pont-chasteau, & de la Rochebernal, Comte de
Cresy, du Cambout, & autres lieux, Pair de France, Conseiller du Roy en ses Conseils,
Lieutenant general pour sa Majesté en la basse Bretagne, &c.
[p. 39]
SPLENDOR AB OBSEQVIO
DVDON.
Trop auant dans la gloire on ne peut s’engager,
I’auray vaincu sept Roys, & par mon grand Courage,
Les verray tous soumis au pouuoir de Roger,
Que je seray pas content de mon Ouurage.
[p. 40]
A MONSIEVR LE COMTE
DV LVDE.
EPIGRAMME.
Ce Nom d’vn Braue qu’on te donne
Fut cent fois moins braue que toy,
Et je m’en rapporte à mon Roy
Qui sçait ce que vaut ta Personne ;
S’il pouuoit renaître aujourdhuy
Et qu’il fallût que contre luy
Tu mesurasses ton êpée ;
Astolphe seroit bien
surpris,
Et mon Ame seroit trompée
S’il ne t’abandonnoit le prix.
[p. 41]
HENRI DE DAILLON.
Comte du Lude & de Pongibaut, Cheualier des Ordres du Roy, Marquis d’Iliers & de
Bouïllé, Baron de Briançon, Premier Gentilhomme de la Chambre du Roy, Gouuerneur des
ville, chasteaux & parcs de St. Germain en Laye.
[p. 42]
NON FIA MAI SCIOLTO.
ASTOLPHE.
De tous les Paladins qui sont dans l’Vnivers,
Aucun n’a pour l’amour l’ame plus échauffée
Entreprenant toûjours mille projets divers,
Et toûjours enchanté par quelque jeune Fée.
[p. 43]
A MONSIEVR LE PRINCE DE MARSILLAC
EPIGRAMME.
Tel qu’il triomphe glorieux
Dans cette fameuse Carriere,
Tel feroit-il voler aux yeux
Dans les Champs de Mars, la poussiere.
Ce Prince qui descend du
beau Sang des Heros
Ne peut demeurer en repos
Dans la Paix comme dans la Guerre ;
Et comme ce grand cœur est né pour les combats,
LOVIS, le plus grand Roy qui soit dessus la
Terre,
Prend plaisir d’exercer son bras.
[p. 44]
FRANÇOIS DE LA
ROCHEFOVCAULT.
Prince de Marsillac.
[p. 45]
CHIETO FVOR COMMOTO DENTRO.
BRANDIMART.
Mes vœux seront contens, mes souhaits accomplis,
Et ma bonne fortune à son comble arriuée,
Quand vous sçaurez mon zele, aimables Fleurs de LIS,
Au milieu de mon cœur profondement grauée.
[p. 46]
A MONSIEVR LE MARQVIS DE VILLEQVIER
EPIGRAMME.
Fort peu de Seigneurs aujourd’huy
Ont autant d’adresse que luy,
Il sçait gagner le cœur de Mars & de Bellone,
L’vn donne à sa Valeur mille marques d’amour,
L’autre de cent Lauriers le pare & le couronne,
Eprise des vertus que sa rare Personne
Fait briller à la Cour.
[p. 47]
LOVIS MARIE DAVMONT
ROCHEBARON.
Marquis de Villequier & de Posé, Comte de Berzé, Baron de Chaps, Rostaillé, Cenues,
Ioncy, Seigneur de Molinotte, Aubigny, la Ronce, Rains, Lis, la Mothe, Marquise, &
autres lieux, Conseiller du Roy en ses Conseils, Capitaine des Gardes du Corps du Roy ;
Gouuerneur & Lieutenant general pour le Roy à Boulongne & Pays Boulonnois.
[p. 48]
VNI MILITAT ASTRO.
RICHARDET.
Personne comme moy n’est sorty galamment
D’vne intrigue où sans doute il falloit quelque adresse,
Personne à mon áuis plus agreablement
N’est demeuré fidelle en trompant sa Maistresse.
[p. 49]
A MONSIEVR LE
MARQVIS DE SOYECOURT.
EPIGRAMME.
Ce n’est pas sans raison que sa force connuë
Prend pour Deuise vne Massuë,
Hercule, s’il regnoit n’en seroit point jaloux ;
Ce Marquis est doüé de Qualitez aimables,
Et l’on sçait entre nous
Qu’il n’est point de Heros, qui n’aiment leurs semblables.
[p. 50]
MAXIMILIEN ANTOINE DE
BELLEFORIERE.
Marquis de Soyecourt, de Roye, & de Guerbigny, Comte de Thissaulon, & de Tupigny,
Baron de la Neuuilleroy, d’Hytre & d’Hyron, Seigneur de Carpuy, Conchy, Saucourt,
&c. Chevalier des Ordres du Roy, Conseiller en tous ses Conseils, & Grand Maistre
de la Garderobe du Roy.
[p. 51]
VIX AEQVAT FAMA LABORES.
OLIVIER.
Voicy l’honneur du Siecle, auprés de qui nous sommes,
Et mesme les Geants, de mediocres Hommes,
Et ce franc Cheualier, à tout venant tout prest
Toûjours pour quelque jouxte a la lance en arrest.
[p. 52]
A MONSIEVR LE MARQVIS
D’HVMIERES.
EPIGRAMME.
Quand ton bras aussy fort que ton adresse est forte
Agit dans vn Combat ou dedans vn Tournoy,
Braue Marquis, on dit de toy
Ce Guerrier est vaillant comme l’acier qu’il porte.
[p. 53]
LOVIS DE CREVANT
DHVUMIERES.
Marquis d’Humieres & de Mouchy, Vicomte de Brigueil, premier Baron de Touraine,
Conseiller du Roy en ses Conseils, Capitaine des Cent Gentilshommes de sa Majesté,
Gouuerneur & Lieutenant general pour sadite Majesté en la Prouince de Bourbonnois,
Gouuerneur particulier de Moulins, & des ville & chasteau de Compiegne, &
Lieutenant general en ses Armées.
[p. 54]
NO QVIERO MENOS.
ARIODAN.
Ie tremble dans l’accez de l’amoureuse fiévre ;
Ailleurs sans vanité je ne tremblay jamais,
Et ce charmant objet l’adorable Généure
Est l’unique vainqueur à qui je me soumets.
[p. 55]
A MONSIEVR LE MARQ. DE
LAVALLIERE.
EPIGRAMME.
Qui se doit étonner si ce braue Marquis.
Dans cette Course illustre est couronné de gloire ?
Par sa Valeur il s’est acquis
Tant d’estime chez la Victoire
Qu’elle l’aime comme son Fils.
[p. 56]
A MONSIEVR LE MARQVIS
DE LA VALLIERE.
VICTORIEVX DANS CETTE LICE.
SONNET.
Qvelques fameux Lauriers que dispense la Gloire
Elle n’en a pas vn digne de tes Exploits,
Et tout ce qu’elle peut, c’est d’employer sa voix
A publier par tout ton illustre victoire.
Ces glorieux Heros qui viuent dans l’Histoire
Pour auoir triomphé dans les anciens Tournois
Epris de ta valeur digne d’vn cœur François
T’abandonnent leur place au Temple de mémoire.
Mais illustre Heros, si ces braues Gueriers
Te cedent les honneurs, te cedent les Lauriers,
Pour vn premier essay que la Cour t’a veu faire.
Quand tu suiuras LOVIS dans les plus grands
combats
Où ton bras quelque jour luy sera necessaire,
Charmez de tes trauaux que ne seront-ils pas ?
[p. 57]
EPIGRAMME.
Si la France brûle d’amour
Pour ce Nom qu’elle veut eterniser un jour,
Si Bellone & l’Amour, Mars & la Renommée
Déja dans l’Vnivers ont sa gloire semée,
Et le couronnant tour a tour
Animent le Tambour, la Trompette, & le Fifre ;
C’est qu’ils sçauent bien qu’à la Cour
Ce Nom n’est pas vn Nom en chiffre.
IEAN FRANÇOIS DE LA BAVME LE
BLANC.
Chevalier, Seigneur, Marquis de la Valliere, de Reugny & de Boissé ; Baron de la
Papelardiere & autres lieux ; Cornette & Commandant les Chevaux legers de
Monseigneur le Dauphin, Lieutenant pour le Roy au Gouuernement d’Amboise.
[p. 58]
HOC IVVAT VRI.
ZERBIN.
Quelques beaux sentimens que la gloire nous donne,
Le braue Roger, & les fameux
Guerriers de sa Quadrille auoient trop bien reüssy aux Courses qu’ils auoient
faittes dans l’Île enchantée ; & la Magicienne qui les auoit
conuiez à en diuertir vne grande Reyne, auoit
receu trop de satisfaction de cette galanterie, pour n’en desirer pas la continuation :
ces Cheualiers luy donnent donc le plaisir de la Comedie :
comme ils auoient entrepris les Courses souz le nom des Ieux Pythiens & armez à la Grecques, ils ne sortent pas de leur premier dessein,
lorsque la Scene est en Elide, c’est-là qu’vn Prince d’humeur magnifique & galante, ayant vne Fille aussy naturellement ennemie de l’amour,
qu’ornée de tous les dons qui la rendent aimable, propose des Ieux d’exercices, des
courses de chariots, & des chasses, croyant que la magnificence des premiers, & le
diuertissement de l’autre, où l’adresse & le courage se font remarquer, feront choisir
parmy les diuers Princes qu’il y auoit conuiez vn Amant à sa Fille, qui soit digne d’elle.
Il y reüssit heureusement, & l’intrigue de la Comedie estant de soy fort galante, est
encore augmentée par des concerts, des recits, & des
entrées de ballet, qui entrent bien dans le sujet, & le rendent fort agreable, ce qui
fit le diuertissement du second jour.
Mais le Ciel ayant resolu de donner la liberté à tant de braues Guerriers retenus dans l’Île enchantée d’Alcine, par
la fin de ses charmes & la ruine de son Palais, cette belle
Magicienne est troublée par des prodiges & des songes, qui luy presagent son
malheur prochain : en cette inquietude elle vient au bas du Lac portée par vn Monstre marin accompagnée de deux de ses Nymphes, & mêle à
des plaintes de l’état où elle se trouue les loüanges de la Reyne Mere par des vers qu’elle luy dit.
Cependant vn Chœur de plusieurs Instrumens se fait entendre
sur deux Îles situées aux deux cotez du Palais d’Alcine. Vn nombre de
Musiciens paroist qui font vne charmantte
armonie, cependant que le Palais s’ouure, duquel
sortent quatre Geans & quatre Nains
commis à la garde de ce lieu considerable par sa situation & sa force, ce qui fait la
premiere entrée du Ballet : laquelle finie huit Maures chargez
par Alcine de la garde du dedans paroissent en faire vne exacte
visite auec chacun deux flambeaux à la main, ce qui fait la
seconde entrée. La troisiéme entrée fait proistre six
Cheualiers qu’Alcine retenoit auprés d’elle, tenter par
vn depit amoureux la sortie de ce Palais, mais il sont
vaincus après vn rude combat par autant de Monstres. Dequoy
Alcine alarmée de cet accident, inuoque de nouueau tous ses
Espris, & leur demande secours : il s’en presente deux pour la quatrie entrée, qui font des sauts auec vne force & agilité merueilleuse. Six autres Demons dans la cinquiéme entrée viennent encore asseurer
la Magicienne qu’ils n’oubliront rien pour son repos. Mais à
peine commence-t-elle à se r’asseurer qu’elle voit paroistre auprés de Rogerla sage Melisse souz la forme d’Atlas ; elle court pour empécher l’effet de son intention, mais elle
arrive trop tard : Mélisse a déjà mis au doigt de ce braue
Chevalier la fameuse bague qui détruit les enchantemens ; lors vn
coup de tonnerre, suiuy de plusieurs éclairs,
marque la destruction du Palais, qui s’est aussy tôt
reduit en cendre par vn feu d’artifice, qui finit cette
sixiéme entrée & met fin à cette avanture & aux diuertissemens de l’Île
enchantée.