Sommaire
- AMONSEIGNEVR LE DAVPHIN.
- COURSES DE TESTES ET DE BAGUE. FAITES PARLE ROY, ET PAR LES PRINCES & Seigneurs de sa Cour, en l’année 1662 .
- MARCHE DES CINQ QVADRILLES ET DES MARESCHAVX DE CAMP, DEPVIS LA GRANDE PLACE DERRIERE l’Hostel de Vandôme jusqu’à l’entrée de l’Amphitheatre.
- [Chapitre 4]
- COMPARSE DES CINQ QVADRILLES DANSL’AMPHITHEATRE.
- COVRSES DE TESTES.
- COVRSES DE BAGVE.
- CIRCVS REGIVS, SIVE POMPA EQVESTRISLVDOVICI XIV. CARMEN HEROICVM.
Personnes
Personnages
Personnages | nb | |
---|---|---|
◀ | [romain] | 21 |
◀ | [turc] | 14 |
◀ | [persan] | 13 |
◀ | [indien] | 13 |
◀ | [sauvage] | 13 |
◀ | [marechal_de_camp] | 8 |
◀ | [satyre] | 3 |
◀ | [maure] | 3 |
◀ | [faune] | 2 |
◀ | [cephale] | 2 |
◀ | Homère | 1 |
◀ | [achille] | 1 |
◀ | [virgile] | 1 |
◀ | [enee] | 1 |
◀ | [turnus] | 1 |
◀ | [guerre] | 1 |
◀ | [paix] | 1 |
◀ | [juge_camp] | 1 |
◀ | [aide-camp] | 1 |
◀ | [Jules_Cesar] | 1 |
◀ | [jupiter] | 1 |
◀ | [aurore] | 1 |
◀ | [hercule] | 1 |
◀ | [mars] | 1 |
◀ | [meduse] | 1 |
◀ | [persee] | 1 |
Lieux
Courses de testes et de bagues faites par le roy et par les princes et seigneurs en l’année 1662.
A MONSEIGNEVR LE DAVPHIN.
MONSEIGEVR,
Puisqu’il est constant que de tous les modeles qui Vous seront proposez pour vôtre Education, le Roy est celuy qui Vous sera toûjours le plus glorieux & le plus utile d’imiter : Il y a une obligation indispensable de Vous presenter tout ce qui parle de ses grandes actions. Quand l’âge MONSEIGNEVR, Vous aura donné les forces d’un Heros, comme le Sang dont Vous estes formé Vous en a désja donné le courage, ou Vous representera ce grand Prince tantôt à la teste de ses Armées, où son incroyable suffisance en np l’art de commander donne de la terreur à ses plus fiers Ennemis, & de l’admiration à ses plus experimentez Capitaines ; tantôt on Vous le dépeindra au fort du combat & dans la tranchée, où sa valeur & son intrepidité sans pareilles font trembler également & ceux qui le craignent & ceux qui l’aiment ; tantôt on Vous le fera voir dans le triomphe, couronné de smains de la Victoire, où sa moderation & son auguste Majesté le font aimer de ceux mesmes qu’il a vaincus ; d’autrefois on Vous le montrera dans son Conseil, où sa Prudence consommée voit toutes choses, & y pourvoit en même temps ; enfin, MONSEIGNEVR, ce grand Monarque Vous sera mis devant les yeux dans l’exercice de toutes les Vertus à mesure que l’âge Vous permettra de les pratiquer, & l’exemple Vous en sera proposé en toutes rencontres par cét illustre & sage Gouverneur que Sa Majesté a choisi pour achever en Vous son Image, & pour cultiver en vôtre Royale Personne les esperances du premier Royaume du Monde.
Mais, MONSEIGNEVUR, comme il n’est pas encore temps que Vous voyiez ce grand Monarque couvert des armes qu’il prend quand il marche contre ses Ennemis, ny dans cét équipage qui fait trembler toute l’Europe : Il faut auparavant que Vous Vous accoûtumiez à le voir dans les Courses de Bague & dans les Carousels, qui sont des images de la guerre, & que Vous montiez aux vertus difficiles & laborieuses par d’autres plus douces & plus aisées ; je veux dire, la magnificence & la politesse dans les Festes publiques, & l’adresse jointe à la bonne grace dans les exercices militaires. C’est dequoy, MONSEIGNEVR, Vous serrez un exemple achevé dans la np description que j’ay faite de ce Carousel, où Vous verrez encore que ce Heros qui ne sera jamais imité parfaitement que de Vous seul ne peut rien faire que de grand, qu’il conserve au milieu de la Paix les exercices de la Guerre, que son loisir n’est pas capable d’oisiveté, qu’il est les delices de son Peuple, & son Peuple les siennes & qu’au pied de ses lauriers & de ses palmes, qui ne font d’ombre qu’à ses Ennemis, naissent des fleurs qui peuvent estre cueillies par les moindres de ses Sujets.
Ainsi, MONSEIGNEVR, où il semble n’y avoir que du divertissement à prendre, Vous y trouverez des instructions utiles, & dequoy former en Vous ce Prince admirable, à qui tant de grandes avantures sont reservées. Toute l’Europe, MONSEIGNEVR, est dans l’attente des prodiges que promettent les premieres années de vôtre Enfance : Elle ne peut concevoir quel sera le haut du jour d’une aurore si brillante ; & quand elle jette les yeux sur le courage, sur la vivacité, & sur la magnanimité qui se font admirer en Vous avant le temps, elle prend plaisir à se flatter qu’un jour elle Vous aura pour son Maître. Fasse le Ciel que les Peuples puissent seconder de si grandes destinées, & que toute la Terre reconnoisse en Vous un digne Fils de LOVIS XIIII. Ce sont les vœux que fait tous les jours,
MONSEIGNEVR,
[np]COURSES DE TESTES ET DE BAGUE.
FAITES PAR LE
ROY, ET PAR LES PRINCES & Seigneurs de sa Cour, en l’année 1662.
CE n’est pas sans raison que ceux qui ont entrepris d’écrire l’Histoire des Grands-Hommes, ont crû qu’il ne suffisoit pas d’apprendre à la Posterité les Batailles qu’ils avoient gagnées, & les Conquestes qu’ils avoient faites, mais qu’il falloit encore luy faire connoître quels avoient été leurs plaisirs & leurs divertissemens. En effet, tous ces Exploits merveilleux, qui sont l’objet de l’admiration des Peuples, peuvent être des effets du vice aussi bien que de la vertu, puis qu’il est vray que l’un & l’autre ont leurs Heros, & que souvent une crainte servile du jugement des hommes, une soif déreglée de leurs loüanges, un desir brutal de vengeance, ou quelque passion plus honteuse ont produit les mêmes miracles que le veritable amour de la gloire. Il n’en est pas de même du temps qui est destiné à leurs plaisirs. C’est dans ces momens que ceux qui les veulent connoître veritablement les doivent considerer ; c’est dans cét état naturel qu’il les faut peindre, pour en faire un portrait fidelle : & qu’ils témoignent alors ce même amour pour la gloire, cette horreur pour l’oisiveté, & cette ardente inclination au travail, qui paroît quelquefois en eux dans les occasions où il s’agit de leur grandeur & de leur sûreté ; c’est alors certes qu’on peut assûrer que la vertu est l’ame & le principe de toutes leurs actions.
C’est dans cette pensée que ceux qui se sont formez des Heros seulement pour les louër, & qui estans Maistres de leurs bras & de leur courage, pouvoient aussi facilement les rendre vainqueurs d’une puissance Armées que d’un seul Homme, n’ont pas moins pris de peine à les representer dans les jeux militaires, disputans le prix d’une Couronne de Chêne, que combatans dans les Batailles pour la Conqueste & l’Etablissement des Empires.
Ils ont pensé ne pouvoir donner une plus haute idée de leurs Heros, & de l’ardeur infatigable qui les animoit, qu’en faisant voir que même leur repos est agissant, & que leur valeur ne pouvant demeurer oisive, cherchoit à s’amuser après de feints combats, lors qu’elle manquoit de plus importantes occasions de s’occuper. De-là vient qu’Homere se plaît si fort à nous dépeindre Achille s’exerçant à la Course, au Disque, & à la Lutte ; & que le Poëte Latin ne s’étend pas moins à décrire ces mêmes jeux avec les prix qu’Enée y propose aux Vainqueurs, qu’à representer ses Conquestes, & la mort même de Turnus.
p. 2Et certes, si l’on examine de prés ces sortes d’exercices, bien qu’ils semblent d’abord n’avoir été inventez que pour le divertissement de ceux qui s’y occupent, & de ceux qui les voyent, on trouvera neantmoins qu’ils ont pour but quelque chose de plus élevé que le simple plaisir. Ils sont non seulement utiles pour bannir l’oisiveté & la molesse, qui corrompent ordinairement tous les fruits de la Paix ; mais ce sont encore d’illustres écoles de discipline militaire, où l’on apprend mieux qu’en toutes les autres le veritable métier de la guette, puisque non seulement ils forment l’adresse du corps, mais qu’ils augmentent en quelque sorte le courage, en allumant le desir de la gloire, qu’on peut nommer l’ame de la valeur.
En effet, rien peut-il mieux faire concevoir à de jeunes guerriers l’extrême & veritable joye que donne l’applaudissement des Peuples après une victoire, & combien il est beau de se voir préferer aux autres, que le plaisir qu’ils rencontrent à remporter le prix de ces sortes de jeux, à la veuë de tant de témoins de leur force & de leur adresse ?
Il ne falloit donc pas ensevelir dans le silence la mémoire des nobles divertissemens de nôtre grand Monarque. Il ne suffit pas que la Posterité sçache ses glorieux travaux & de Guerre & de Paix ; le mal qu’il a fait à ses Ennemis par le force de ses Armes, & le bien qu’il fait à ses Peuples par les soins assidus & sans exemple qu’il prend luy-même de leur conduite : il faut qu’elle ait encore la satisfaction de sçavoir quels étoient ses relâches dans ses occupations importantes. Il est bon qu’elle apprenne qu’il n’a pas été aussi le plus adroit & le plus magnifique, & que la Noblesse de sa Cour est toûjours en possession de ces avantages sur toutes les Nations de la Terre.
Avant que d’entrer dans le détail de cette description, on remarquera, que quelque magnifique qu’il ait été, soit pour la richesse des habits, soit pour les nombre des chevaux & des équipages, soit pour la beauté du lieu où il a été exécuté, on ne le doit regarder neantmoins que comme un simple Course de Bague & de Testes, sans sujet, sans cartel, & sans machines, & comme un essay de ce que la Noblesse de France seroit capable de faire, si elle entreprenoit en Tournoy dans toute l’étenduë de la beauté & de la magnificence qu’il peut recevoir.
La premiere chose que fit Sa Majesté, fut de nommer le Mareschal Duc de Gramont pour prendre soin de cette Feste, en qualité de Mareschal de Camp general. Cét employ ne pouvoit être mis en de meilleures mains, & il eût été malaisé de choisir une personne qui eût ensemble, & plus d’experience dans les Armes, & le goût plus délicat pour ces fortes galanteries.
Ensuite Sa Majesté approuva la proposition qui fut faite, de representer les Nations les plus renommées, & choisit ce dessein entre plusieurs, comme le plus simples & le plus dégagé de tous mysteres, & de toutes machines. Ce n’est pas que cette Feste s’étant faite peu de temps après la naissance de Monseigneur le Dauphin, on ne pût dire qu’on avoit eû intention de representer toutes ces Nations, comme venans luy rendre hommage, & le reconnoître pour celuy qui doit un jour leur commander ; mais ce qui est de tres-assûré, est qu’on n’a eû d’autre dessein que d’établir quelque ordre dans cette Course, & de donner lieu en même temps à la magnificence des habits. Sa Majesté choisit donc les Nations les plus celebres pour en former cinq Quadrilles, composées chacune d’un Chef, & de dix Chevaliers, avec leurs Officiers & leurs équipages. La premiere Nation fut celle des Romains, dont Sa Majesté voulut estre le Chef. La seconde, celle des Persans, qui eût pour Chef Monsieur Frere unique de Sa Majesté. La troisiéme, celle des Turcs, qui eût pour Chef le Prince de Condé. La quatriéme, celle des Indiens, conduite par le Duc d’Anguien. Et la cinquiéme, celle des Sauvages de l’Amerique, conduite par le Duc de Guise.
Ensuite Sa Majesté nomma les Aventuriers de chaque Quadrille, arrêta le nombre des Officiers, régla les équipages, les habits, & les livrées.
Il ne restoit plus qu’à trouver un lieu qui fût digne de ce Spectacle, & où l’on pût dresser un Amphitéatre capable de contenir le grand nombre d’hommes & de chevaux qui le composoient. La Place Royale, qui sembloit estre en possession de servir à ces sortes de p. 3 magnificences fut trouvée trop petite, & trop reserrée, bien que sous LOVIS XIII. on y ait representé un des plus beaux Carrousels qui se soient jamais veûs, l’on choisit donc la grande Place, qui est au devant du Palais des Thuilleries, & qui a peu de pareilles, soit pour son étenduë, soit pour la beauté des bâtimens qui l’environnent.
Au milieu de ce grand espace, on dressa en peu de jours un Camp de quarante cinq toises en quarré, fermé de doubles barrieres, distantes l’une de l’autre, de quinze toises, pour le passages des Quadrilles ; à douze pieds loin de la derniere barriere furent dressez des échaffaux qui environnoient tout le Camp, & cét espace fut laissé pour y ranger tous les chevaux de main, & les mettre ainsi hors d’état de causer du desordre par leur fougue, & leur trop grande ardeur. Les échaffaux placez de cette sorte, formoient un Amphiteatre capable de contenir quinze mille personnes assises sur quatre rangs de grands degrez, dont le premier étoit éleué de huit pieds de terre, & le dernier d’une fois encore autant.
La forme de cét Amphitheatre étoit quarrée, & se terminoit du côté par où l’on entroit en un demy cercle, dans lequel se devoit placer la Quadrille du Roy, qui de cette sorte étoit posé au milieu de sa milice, & vis-à-vis de l’échaffaut des Reynes. Les quatre coins de l’Amphiteatre étoient destinez aux quatre autres Quadrilles.
Au milieu de la face des Thuilleries, qui étoit aussi le milieu de l’Amphiteatre, fut élevé un grand échaffaut pour les Reynes, & pour les Princesses de la Cour, duquel l’Architecture étoit de deux ordres, le premier Dorique, & le second Ionique, enrichy d’un double rang, de pilastres, & de colonnes de marbre, dont les bases & les chapiteaux étoient d’or, comme aussi les deux frises, les balustrades & les autres ornemens : cette Architecture se terminoit en un fronton, dans lequel sur une table de marbre noir, cette Inscription étoit écritte en Lettres d’or
VICTRICIBVS ARMIS
LODOICI
FRANCORVM IMPERATORIS
LVDOVICVS
XIV. FELICITATI NATIONVM DATVS,
REGVM DECVS, HVMANAE GENTIS DELITIAE,
HOSTIVM
TERROR, SVORVM DESIDERIVM,
OMNIVM ADMIRATIO
ANNOR XXIII VICTORIARVM NVMERO MVLTO
MAIORE,
HOSTIBVS MARI TERRAQVE PROSTRATIS,
LATE PROLATIS FINIBVS, FIRMATIS
VBIQVE TERRARVM SOCUS,
PACE SVIS LEGIBVS ORBE SANCITA :
NE QVID CESSRET HEROICA
VIRTVS,
PALAESTRICAM VICTORIAM NON DEDIGNATVR.
Au deux costez de ce fronton, étoient deux grandes figures de relief, dont l’une representoit la Guerre, & l’autre la Paix, assises toutes deux, la premiere sur des trophées d’Armes, l’autre sur un monceau d’instrumens de toute sorte d’Arts, le tout accompagné de plusieurs ornemens, qui convenoient à ce sujet, & qui étoient de l’invention du sieur Vigarani, Ingenieur du Roy, qui eût le soin & la conduite de toute cette pompe, sous les ordres du Mareschal de Camp General.
Toutes choses étant ainsi preparées, & le cinquiéme jour du mois Iuin, que Sa Majesté avoit destiné à cette superbe Feste, étant arrivé, les Compagnies du Regiment des p. 4 Gardes, Suisses & Françoises, furent dés le matin mises en haye, depuis la Grande Place, qui est derriere l’Hostel de Vandôme, tout le long des ruës de Richelieu, S. Honoré & S. Nicaise, jusqu’à l’entrée de l’Amphitheatre, tant pour empêcher le desordre & la confusion que pouvoir causer l’affluence du peuple, que pour augmenter par le nombre de cette milice, la Magnificene du Spectacle.
Le Roy s’étant rendu avec toute sa Quadrille & son équipage dans l’Hostel de Vandôme, où il s’habilla, les autres Chefs avec leurs Quadrilles, arriverent dans l’ordre qui leur avoit été donné par le Mareschal de Camp general, au rendez-vous, où peu de temps après, le Roy parut au milieu de sa grande Quadrille.
Cependant les Reynes arriverent, & prirent places sur leur échaffaut accompagnées de la Reyne d’Angleterre, de Madame, de Mademoiselle, & de toutes les Princesses & Dames de la Cour. Le Dais étoit de velour violet, enrichy de grandes Fleurs de Lys d’or, comme aussi le tapis & les carreaux, qui étoient sous leurs pieds, & qui couvroient l’appuy de la balustrade.
Au dessous de leurs Majestez étoient les Mareschaux d’Etrée, du Plessis, de Villeroy, & d’Aumont, qui par leur qualité de Mareschaux de France, & par le choix que Sa Majesté en avoit fait, tenoient la place de Iuges de Camp ; proche d’eux estoient les Ambassadeurs & les Ministres Etrangers.
p. 5MARCHE DES CINQ QVADRILLES ET DES MARESCHAVX DE CAMP, DEPVIS LA GRANDE PLACE DERRIERE l’Hostel de Vandôme jusqu’à l’entrée de l’Amphitheatre.
A peine les Reynes pris leurs places, qu’on vit parroître à l’entrée de l’Amphitheatre le commencement de la Marche.
C’étoit le Mareschal de Camp General precedé du sieur Vigarani, en qualité de premier Aide de Camp, d’un Timbalier, de deux Trompettes, d’un Ecuyer, & de six Pages, & de huit chevaux de main menez chacun par deux Palfreniers, de deux autres Timbaliers, de quatre Trompettes, & dix Estafiers.
Il étoit vétu à la Romaine, d’un habit en broderie d’or & d’argent sur un fonds de satin couleur de feu, les brodequins de même ; le tout garny d’une quantité innombrable de Rubis, son Casque étoit enrichy de pierreries, & ombragé d’un grand bouquet de plumes, aussi couleur de feu, avec une Agrette noire au milieu : Il portoit en sa main le bâton de Commandant qui étoit d’or, le harnois de son cheval étoit pareillement en broderie d’or & d’argent, avec de grandes Aigles, & garny d’une infinité de rubans, ainsi que les crins & la queüe.
Il étoit suivy de quatre Aides de Camp superbement vétus, & qui étoient encore de son équipage.
Le Comte de Noailles Capitaine des Gardes du Corps, venoit ensuite en qualité de Mareschal de Camp de la Quadrille du Roy, vétu aussi à la Romaine, comme tous ceux de cette Quadrille : devant luy marchoient deux Trompettes, un Ecuyer, quatre Pages, quatre chevaux de main menez chacun par deux Palfreniers, huit Estafiers & deux Aides de Camp, qui étoient les Sieurs de Romecourt & de Charmacé Lieutenans des Gardes du Corps.
Le Marquis de Vardes venoit ensuite comme Mareschal de Camp de la Quadrille de Monsieur, vétu à la Persane.
Après luy parut le Duc de Luxembourg Mareschal de Camp de la Quadrille de Monsieur le Prince, habillé à la Turque.
Il étoit suivy du General Coquet, équipé à l’Indienne, & faisoit la charge de Mareschal p. 6 de Camp de la Quadrille de Mr le Duc, à la place du Comte d’Etrées.
Le Chevalier de Gramont faisant l’office de Mareschal de Camp de Mr le Duc de Guise, & representant un Sauvage de l’Amerique, étoit le dernier des cinq Mareschaux de Camp des Quadrilles, qui tous avoient même suite, & gardoient même ordre que celuy de la Quadrille du Roy.
Cette superbe troupe étant entrée dans l’Amphitheatre, & ayant fait comparser devant l’Echafaut des Reynes, le Mareschal de Camp general visita les Barrieres & les Testes, reconnut le Terrain, & ayant trouvé tout en fort bon état, envoya avertir le Roy de commencer sa Marche, cependant après avoir placé toute sa suite aux deux costez de l’Echafaut des Reynes, & distribué les postes des Quadrilles à leurs Mareschaux de Camp, qui y laisserent leurs équipages, pour se rendre chacun à la teste de la sienne ; il se plaça à l’entrée de l’Amphitheatre avec son premier Aide de Camp, pour y recevoir toutes les Quadrilles.
Il est à remarquer, qu’on ne viendra point au détail des habits, ny des équipages dans ce discours, parce qu’on les peut voir dans celuy qu’on en a fait exprés avec leur representation exacte & au naturel : On a obserué la même conduire touchant les devises, pour lesquelles il y aussi un discours particulier. Il suffira d’étre averty, que non seulement la forme des habits de chaque Quadrille étoit differente : mais qu’elles étoient encore distinguées par les diverses couleurs qui dominoient en chacune, & qui étant mélées parmy l’or, l’argent, & les pierreries, faisoit une agreable & brillante varieté. La couleur du feu & le noir étoient les couleurs de la premiere Quadrille vétüe à la Romaine : l’incarnat & le blanc étoient les couleurs de la seconde, vétüe à la Persane : le bleu & le noir étoient celles de la troisiéme véüe à la Turque : la couleur de chair & le jaune étoient celles de la quatriéme, vétüe à l’Indiene : & le vert & le blanc étoient les couleurs de la cinquiéme Quadrille, vétüe à l’Americaine, avec des peaux de toutes sortes d’Animaux Sauvages.
Le Quadrille du Roy fut celle qui se presenta la premiere. Vn Timballier & deux Trompettes tout couverts de broderie d’or & d’argent, avec des Aigles d’or ; en broderie sur les banderolles de leurs Trompettes, & sur les housses de leurs chevaux, précedoient le sieur de Massignai Ecuyer ordinaire du Roy, qui étoit suivy de vingt chevaux de main des Chevaliers de la Quadrille, menez chacun par deux Pallefreniers, & deux à deux.
Ensuite venoit le sieur la Noüe Ecuyer de la grande Ecurie, suivy de ingt quatre Pages, portant tous des javelines, & conduits par deux Ecuyers. Après eux marchoit le sieur de Givry Ecuyer de la petite Ecurie, à la teste de cinquante chevaux de main du Roy, menez comme les précedens, chacun par eux Pallefreniers, & deux à deux : puis venoient trois Timballiers & huit Trompettes, suivis de cinquante Valets de Pied, representant les Licteurs ou Huissiers Romains, avec des faisseaux d’or ; enfin les sieurs de Brenonville & de Vantelet Ecuyers de la grande Ecurie, fermoient ce riche & nombreux équipage, le premier portant la Lance de sa Majesté, & l’autre l’Ecu de sa devise, qui étoit un Soleil dissipant des nuages avec ces mots : vt vidi, vici.
Le Comte de Noailles venoit aprés immediatement devant le Roy, qui marchoit seul, vétu à la Romaine, & dont la mine haute & majestueuse, convenoit parfaitement à l’habit des maistres du monde.
Le bruit des loüanges & des acclamations qui s’éleverent alors, fit bien connoître que c’étoit le Roy qui parroissoit. Ce fut à cette auguste presence que la tendresse qui est si naturelle aux François pour leur Souverain, & que les charmantes qualittez du Roy ont portée dans le dernier excés, éclata en cris de joye & d’admiration, & certes, lorsque l’on consideroit un Prince si vaillant dans les exercices d’une Paix profonde, que le seul amour de Sujets l’avoit obligé de faire au plus fort de ses victoires, lors qu’on voyoit tant d’éclatantes marques de l’abondance qui l’a doit suivre, & qu’on anticipoit par la pensée cét avenir bien heureux & plein de gloire, que la sagesse jointe à la valeur ne peuvent manquer de produire ; cét avenir, dis-je, où tant de grandes choses sont renfermées, alors cette tendresse échauffée de ces divers mouvemens de joye, d’admiration & de reconnoissance, produisoit un concert de vœux & de benedictions bien plu delicieux dans sa confusion, que toutes les cadances & les mesures de Poëtes & des Orateurs.
p. 7Sa Majesté estoit précedée de deux Escuyers, & suivie de deux autres, qui étoient les sieurs Salin & Tailloüet, Vidaud & Beaumont, tous quatre Enseignes des Gardes du Corps, & ensuite des Aventuriers de sa Quadrille,les Comttes de Vivonne, & de S. Aygnan, le Duc de Navailles, & les Comtes d’Armagnac, du Lude, de Louvigny, & de la Feüillade, tous vétus à la Romaine, de même de sa Majesté ; , de Richelieu & le Comte de Duras qui devoient achever le nombre de dix n’y peûrent pas étre, étans tombez malades dans ce temps-là, & furent suppléez dans les Courses par sa Majesté, les Comtes d’Armagnac, & de S. Aygnan. Cette Quadrille étoit fermée par le sieur de Louviers Escuyer ordinaire du Roy, portant l’Epée de sa Majesté ; il étoit suivy de uarante Estafiers, & de vingt Pages des Chevaliers de la Quadrille, portans leurs Lances & leurs Ecus.
Cette Quadrille magnifique après avoir fait le tour de l’Amphitheatre par le dehors de la Barriere, & ensuite la comparse devant l’Eschafaut des Reynes, entre dans le grande Carré de la Course, où elle se posta en formant vn grande demy-cercle, dont sa Majesté occupoit le milieu, pour laisser libre aux autres Quadrilles l’entrée de l’Amphitheatre qu’elle devoit ensuite occcuper.
Cependant on vit arriver la Quadrille de Monsieur, representant les Persans. Elle étoit composée d’un Timballier, de deux Trompettes, de vingt chevaux de main des Chevaliers menez comme les précedens. Le sieur Desbordes Cavalcadour de Monsieur, venoit après en qualité d’Escuyer ; il portoit un javelot, il étoit suivy d’un autre Escuyer, de seize Pages, & de vingt-quatre chevaux de main de Monsieur, menez comme les précedens. Puis venoient deux Timballiers, quatre Trompettes, ving-quatre Estafiers portans des Haches d’Armes en une main, & des Arcs en l’autre, avec des carquois sur le dos. Ensuite paroissoient les sieurs Gassion & Blanquet Escuyer de Monsieur, l’un portant sa Lance, & l’autre l’Ecu, où étoit peint pour devise une Lune avec cette ame, Vno Sole minor.
Il étoit suivi de dix Chevaliers, le Marquis de Villeroy, le Comte du Plessis, le Marquis de Bellefons, le Chevalier de Rohan, le Comte de l’Isle-bonne, le Prince de Marsillac, les Comtes de Foix, de Clerc, & de Vaillac, & le Marquis d’Illiers, tous vétus à la Persane comme luy, & qui avoient chacun quatre Estafiers équipez comme les précedens, & vingt Pages portant leurs Lances & leurs Ecus.
Pendant que cette Quadrille continuoit sa marche, la troisiéme parut, qui étoit celle de Monsieur le Prince, representant les Turcs.
Vn timballier, deux Trompettes, & vingt chevaux de main des Chevaliers précedoient un Escuyer, puis venoient douze Pages, un autre Escuyer, vingt-quatre chevaux du Chef de la Quadrille, menez comme les précedens, deux Timballiers, quatre Trompettes, vingt-quatre Estafiers avec des Haches & des Sabres, tous en broderie d’or & d’argent avec des Croissans d’argent & des plumes blanches, noires & bleües, aussi bien que les deux Escuyers, qui suivoient, dont l’un portoit la Lance du Chef de la Quadrille, & l’autre son Ecu, où l’on voyoit pour devise un Croissant avec ces mots : Crescit vt aspicitur.
Le Duc de Luxembourg venoit après, immediatement devant Mr le Prince, qui étoit vétu à la Turque, & dont la mine guerriere s’accomodoit fort bien à la fierté de l’habillement.
Les Chevaliers qui le suivoient, étoient le Comte de Sery, le Marquis de Soyecourt, le Comte de Sault, le Duc de Boüillon, le Marquis de Charmesel & de Gamache, le Chevalier de Bethune, & les Marquis de Peguilin & de Coaslin, le Comte de Sery tint aux Courses la place du Duc de Luxembourg.
Ils avoient tous leurs estafiers, & leurs Pages équipez comme les autres, & ceux-cy portoient leurs Lances, & leurs Ecus.
Après cette Quadrille, entra tout de suite celle des Indiens, dont Monsieur le Duc étoit Chef : l’ordre des équipages, & le nombre des gens étoient le même, que dans la précedente, les p. 8 housses, & les habits étoient couverts de Perles & de Corail, & les couleurs de la Quadrille étoient noir, jaune & blanc, les Estafiers étoient armez d’Arcs & de Sabres, & les Pages portoient des Carquois couverts de perles & de diamans. Sur l’Ecu du Prince paroissoit une Planette avec ce demy vers : Magno de lumine lumen.
Monsieur le Duc précedé de son Mareschal de Camp, parut ensuite avec vn air si grand & si noble, qu’il faisoit assez connaître l’illustre Père, dont il est sorty, & ce que l’on en doit attendre dans la suite du temps.
Il étoit suivy des Marquis de Canaples, du Chevalier du Plessis, du Marquis de Ianlis, du Comte de Guitaut, du Marquis de Monpezat, du Duc de Nevers, du Comte de Roye, du Duc de Sully, & du sieur Doüailly tous habillez à l’indienne, avec leurs gens, comme leurs Chef ; Mr le Duc tenoit aux Courses la place du Marquis d’Humiere qui manquoit.
Enfin parut la derniere Quadrille, representant les Sauvages de l’Amerique, dont Mr le Duc de Guise étoit chef ; Elle fit sa Marche dans le même ordre, & en même nombre ; Les chevaux étoient caparaçonnez de peaux de Lions, de Leopars, & de Tigres. Le premier Trompette, & quelques Pallefreniers étoient habillez en Sauvages, les autres Pallefreniers en Satyres, & les autres Trompettes & Timballiers en Tritons : Les Pages étoient travestis en Baccantes, & des vingt-quatre Estafiers, douze estoient en Ours, & les douze autres les menoient habillez en Esclaves, ayant des Singes sur les épaules : Sur son Ecu étoit un Tigre terrassé par un Lion, & ces deux mots : Altiora prasumo.
Le Mareschal de Camp venoit après, suivy de douze Faunes, qui faisoient un agreable concert de Hautbois, & ensuite Monsieur le Duc de Guise paroist vétu de peaux de Dragon, avec cette contenance galante & caualliere, qui luy donne tant d’avantage en ces sortes d’occasions ; Ses Aventuriers étoient le Chevaliers d’Harcourt, les Marquis de Rochefort, Plumartin, la Chastre, Ragny, Mirepoix, Vervins, Beuvron, Tury, & le Duc de Brissac.
Cette Quadrille ayant fait son tour & sa comparse devant les Reynes, elles se separerent toutes en fort bel ordre, & chacune fut prendre place au Poste marqué par son Mareschal de Camp. Sçavoir, celle de Monsieur à la droite de l’entrée de l’Amphitheatre, celle de Monsieur le Prince à la gauche, celle de Monsieur le Duc à la droite de l’Echafaut des Reynes, vis à vis de la précedente, celle de Monsieur le Duc de Guise à la gauche de l’Echafaut, vis-à-vis de celle de Monsieur ; Enfin celle du Roy sortant du Carré par une contre-Marche assez difficile où elle s’étoit rangée, pour donner passage aux autres, s’alla placer vis-à-vis de l’Echafaut des Reynes, à l’entrée de l’Amphitheatre.
Ce fut en cét état de que ces magnifiques troupes attendirent quelques temps le signal de la Course : il n’étoit pas souhaité moins impatiemment des spectateurs ; & il est bien aisé de juger qu’ils avoient une forte envie de voir l’effet que devoit produire le mouvement de tant de belles choses, & d’étre témoins de l’adresse de ces illustres Personnes, de qui la mine promettoit tant de merveilles.
Mais parce que la magnificence, & particulierement l’entente ingenieuse des habits, fait une des parties plus essentielle de ces sortes de spectacles, on a crû necessaire de faire une description exacte, & dans le détail de chaque habillement, ou du moins des principaux, & même d’en graver les Figures, dont le sieur Gissey Desseignateur ordinaire du Cabinet du Roy, a eû la conduite après les avoir inventées & desseignées.
LE MARESCHAL DE GRAMONT MARESCHAL DE CAMP GENERAL.
Il étoit vétu à la Romaine, d’un habit en broderie d’or & d’argent sur un fonds de satin de couleur de feu, les brodequins de même ; le tout garny d’une quantité innombrable de Rubis ; son Casque étoit enrichy de pierreries, & ombragé du’n grand bouquet de plumes, aussi couleur de feu, avec une Aigrette noire au milieu : Il portoit en sa main le bâton de Commandant qui étoit d’or : le harnois de son cheval étoit pareillement en broderie d’or & d’argent, avec de grandes Aigles, & garny d’une infinité de rubans, ainsi que les crins & la queüe.
p. 18TIMBALIERS ROMAINS.
LA Coiffure étoit un Casque d’or couvert de plumes couleur de feu.
Le Corps de l’habit étoit de toille d’argent rebrodée d’or, bandée de satin couleur de feu brodé d’argent.
Le tonnelet & les manches étoient de même que le corps, & les lambrequins étoient de couleur de feu brodé d’argent.
Les bas de soye étoient de gris de perle, & les botines d’argent chamarées d’or en brodequins. Cette chaussure étoit semblable en tous ceux de la Quadrille.
Le manteau étoit de même satin couleur de feu brodé d’or, & doublé de toille d’argent.
Le carapaçon & le harnois étoient aussi de satin couleur de brodé d’or & d’argent, garny de piéces d’Orféverie.
Les Banderoles de Timballes étoient de leur de feu brodées d’or & d’argent, avec des Aigles d’or.
p. 19TROMPETTES ROMAINS.
LA Coiffure étoit en forme d’un mufle de Lion d’or, couvert de plumes couleur de feu.
Le corps de l’habit étoit de toille d’argent, brodé d’une bande de broderie d’or à écailles.
Le Tonnelet étoit de même toille d’argent, couvert de dix grandes bandes de broderie d’or.
Les manches tenant au corps, & les manches pendantes & les lambrequins étoient de satin couleur de feu, brodé d’or & d’argent, & doublées de toille d’argent.
Le carapaçon & le harnois étoient de satin couleur de feu, chargé d’une bande d’or brodée d’argent, terminez par leurs campagnes & lambrequins.
Le poitrail & la croupiere étoient enrichies de masques d’Orféveries, & les crinieres des chevaux liées d’Echarpes de toille d’argent.
p. 20ESTAFIERS ROMAINS.
LA Coiffure étoit un Casque d’or & argent, couvert de plumes couleur de feu. Le corps de cuirasse étoit de toille d’argent brodée d’or, serré d’une ceinture de satin couleur de feu, brodé par écailles d’or. Les épaulettes & les écharpes étoient de bandes d’or.
Le tonnelet & les manches finissant en campagnes étoient de satin couleur de feu, avec une bande d’or par en bas, & couverts de leurs lambrequins aussi de broderie dor & argent.
Le Sabre étoit de vermeil doré avec les chaînes de même, & le foureau couleur de feu, garny de pieces d’or.
Le faisseau étoit de verges d’or liées d’argent.
Les brodequins étoient de satin couleur de feu, avec masques d’or, qui avoient les revers de toille d’argent.
p. 21CHEVAL DE MAIN ET PALFRENIERS ROMAINS.
LE carapaçon étoit de satin couleur feu avec de grandes bandes d’or chargées de pierreries & broderie dor & argent coupées en campagnes, ornées de masques d’Orféveries, avec quatre pendans de pieces d’Orféverie. Et dans le milieu du carapaçon étoit un Aigle de broderie d’or relevée en bosse. Le chantrain & la criniere étoient ombragez de plume couleur de feu si bien attachées, qu’elles sembloient étre un ornement naturel du cheval.
L’habillement des Palfreniers étoit comme un espece de chemise de toille d’argent rayée d’or frisé, & reliée par le milieu du corps d’une bande de satin couleur de feu brodée d’argent. Les lambrequins qui faisoient comme une seconde ceinture étoient de couleur de feu brodé d’or, ainsi que le bout des manches.
Le bonnet de satin couleur de feu avec des bandes d’or & d’argent, couvert de plumes couleur de feu.
p. 22PAGES ROMAINS.
LE bonnet étoit de satin couleur de feu brodée en bandes d’or & d’argent. Les Pages étoient vétus des mêmes étoffes, & des mêmes couleurs que les précédans Officiers de la Quadrille, à la reserve que le corps étoit de brocart d’or brodé par écailles d’argent, & que les lambrequins tant des hauts des manches que de la ceinture, étoient taillées en écailles de satin couleur de feu, brodé d’or & doublé de toille d’argent.
Les manches de dessous étoient de toille d’or reliées d’un bracelet couleur de feu brodé d’or, & se terminoient en manchettes de toille d’argent, taillée en feüilles.
Les carapaçons étoient de satin couleur de feu brodé d’or.
Les uns portoient les Lances, les autres les Ecus, où les Devises étoient peintes.
p. 23AIDE DE CAMP ROMAIN.
LE Casque étoit d’argent brodé d’or, ombragé de plumes couleur de feu.
Le corps étoit de toille d’argent rebrodé d’or en écailles.
Les manches ainsi que le saye étoient couleur de feu brodé d’or & d’argent, & les lambrequins de brocart d’or brodé d’argent.
Les manches de dessous étoient de toille d’argent brodée d’or.
Le carapaçon de satin couleur de feu brodé d’or & d’argent.
p. 24MARESCHAL DE CAMP ROMAIN.
LE Casque étoit d’argent brodé d’or avec des plumes, couleur de la livrée.
Le corps de cuirasse & les lambrequins étoient de brocart d’argent brodé d’or, & orné de bandes de pierreries.
Les manches tant celles de dessus que celles de dessous, & le saye étoient de satin blanc brodé d’or.
Les brodequins étoient de brocart d’argent brodé d’or.
Le carapaçon étoit de satin couleur de feu brodé d’or & d’argent ; & dans les lambrequins des mufles de Lion en broderie.
npLE Royétoit vétu à la Romaine, d’un corps de brocart d’argent rebrodé d’or, dont les épaules & le bas du Busq étoient terminez par des écailles de brocart d’or rebrodé d’argent, avec de gros Diamans enchassez dans la broderie, & bordez encore d’un rang de Diamans. Aux extremitez de la gorgerette de même parure que le corps, & composée de quarante quatre roses de Diamans, se joignoient par des agraffes de Diamans, les épaulettes de même étoffe & broderie que le corps, & au bout de chacune desquelles pendoit une campane de Diamans remplie de pendeloques de même. Au milieu de l’estomac pendoit une autre grosse campane de même sorte. Trois bandes de même étoffe & broderie que le reste, couvertes de 120 roses de Diamans extraordinairement larges, & jointes par dedans avec trois grandes agraffes de Diamans, ceignoient cette magnifique Cuirasse. Au bas du Tonnelet de même étoffe & broderie que le corps étoient des écailles comme les précedentes, chacune ayant sa campane à l’extremité. Les lambrequins des épaules & du bas du Busq qui tomboient sur ce Tonnelet, étoient de brocart d’or brodé d’argent avec de gros Diamans enchassez dans la broderie, & des campanes. Les manches de même étoffe & broderie que le corps, étoient chargées de 12 pieces de chaînes ; sur le haut 24 roses de Diamans sur du brocart d’or faisoient le tour des bouts de manches, & ce tour étoit encor orné par des écailles, comme les précedentes. De cette manche sortoit une manche bouffante de toille d’argent, qui finissoit par la manchette de même étoffe bordée d’or, & li&e sur le poignet par un bracelet de Diamans. La Ceinture qui détachoit le corps étoit composée de 54 pieces de chaînes de Diamans, d’une extraordinaire grosseur.
Il avoit un Casque d’argent à feüillages d’or enrichy de deux grands Diamans, de douze roses de Diamans sur les costez, & d’un Cordon de douze autres roses. Ce Casque étoit ombragé d’une creste de plumes couleur de feu, de laquelle sortoient quatre Herons.
Les Bottines étoient de brocart d’argent rebrodé d’or, reliées & entourées de bandes de brocart d’or bridé d’argent, enrichies comme celles de cy-dessus. Le revers de ces Bottines étoit brodé d’or & coupé en écailles, desquelles pendoient de petites campanes de Diamans ; le bas de soye étoit couleur de feu.
Son Cimeterre étoit couvert d’un si grand nombre de Diamans, qu’à peine voyoit-on l’or dans lequel ils étoient enchassez.
Il montoit un cheval Isabelle doré, dont la fierté naturelle étoit encore augmentée par la magnificence de ces habillemens. La Selle du cheval étoit de brocart couleur de feu brodé d’argent ; tout le carapaçon du col, du poitrail, du flanc & de la croupe, n’étoit que des bandes de brocart d’or rebrodées d’argent, garnies de Diamans, & noüées de rubans couleur de feu avec des roses de Diamans à chaque jointure, la queüe étoit ornée de mêmes bandes : Sur la croupe étoient deux grosses campanes de même étoffe & broderie que ces bandes, & à leur extremité comme au dessus de chaque noeuf couleur feu : dans tout le carapaçon il y avoit deux campanes de cartisane & argent mélé de Diamans
Au haut de la testiere étoit attaché par une enseigne de huit grands Diamans autour d’un plus grand, un bouquet de plumes couleur de feu, duquel sortoient en quatre aigrettes de Diamans, au dessus desquelles s’élevoit une autre aigrette encore de Diamans, le tout à jour, & composé de 250 pendeloques. Cette testiere de même que les Resnes & les Estrivieres étoit de brocart d’or brodé d’argent, & enrichy de Diamans, & l’extremité des Resnes & chanfrein étoit ornée de campanes & de pendeloques de Diamans..
npDEVISES DES CHEFS ET DES CHEVALIERS DES QVADRILLES.
DEVISES DE LA PREMIERE QVADRILLE.
p. 28PREMIERE DEVISE DV ROY.
Il seroit mal-aisé de trouver un Corps de Devise qui convint mieux au Roy que celuy du Soleil, veu le nombre presque infiny de convenances illustres qui se rencontrent entre ce Grand Prince, & ce bel Astre ; Mais sans doute qu’une des plus remarquables, & qui est touchée par cette Devise, est que comme le Soleil n’a qu’à se faire voir pour dissiper les tenebres, ainsi ce Grand Monarque n’a besoin que de sa presence pour vaincre les ennemis. Ce qui est heureusement exprimé par ces mots, VT VIDI, VICI, qui font allusion à ce mot de Iules Cesar, veni, vidi, vici.
II. DEVISE DV COMTE DE VIVONNE.
Le Miroir ardant loin de renfermer en luy-méme la lumiere du Soleil, la refléchit, & la renvoye de toutes parts avec encore plus de force qu’elle ne luy est envoyée, & de cette force il est le symbole parfait de la reconoissance de ce Chevalier pour les bienfaits qu’il a receus de Sa Majesté, qu’il s’efforce de faire éclater en tous lieux & en toutes rencontres.
III. DEVISE DV COMTE DE SAINT-AGNAN.
Le Laurier est le symbole de la Victoire, qui a cela de commun avec ce Chevalier, qu’elle ne veut appartenir qu’au Roy seul, & ne se ranger iamais que de son party.
IV. DEVISE DV COMTE DE NAVAILLES.
On sçait que les Aigles éprouvent leurs Aiglons en les exposant aux rayons du Soleil, & que ceux-là seulement sont reputez estre veritablement de leur race qui en peuvent supporter l’éclat sans siller les yeux. Ce Chevalier prétend de méme que les grands & illustres employs dont le Roy l’a honoré, & qu’il a soûtenus avec gloire, sont des marques assurées de son merite & de sa fidelité.
V. DEVISE DV COMTE D’ARMAGNAC.
Ce Cheualier se promet que la Victoire representée par cette Couronne, estant le but de tous ses travaux, en sera pareillement l’issuë & la recompense.
npVI. DEVISE DV COMTE DE LVDE.
Quelque juste & bien fait que soit un Cadran, il ne peut estre utile s’il n’est regardé du Soleil. Ce Chevalier reconnoit de même que quelque merite qu’il puisse avoir en sa personne, il ne peut devenir considerable qu’autant qu’il plaira à sa Majesté de le considerer, & de luy donner moyen de mettre en usage les divers talens qu’il possede.
VII. DEVISE DV COMTE DE LOVVIGNY.
Comme vn javelot est toûjours prest au combat ; de même ce Chevalier assure qu’il ne demande autre chose que d’étre employé aux nobles exercices de la guerre.
VIII. DEVISE DV COMTE DE LA FEVILLADE.
L’inclination que le Girasol témoigne pour le Soleil est connuë de tout le monde ; & c’est par ce symbole que le Chevalier qui le prend pour sa Devise a voulu marquer la fidelité inviolable, avec laquelle il veut s’attacher à son Prince, & n’avoir jamais d’autres mouvemens que les siens.
IX. DEVISE DV
.L’Aigle accoûtumée à porter le foudre de Iupiter ne voudroit point charger des Armes d’une autre Divinité. Ce Chevalier assure de même qu’il ne veut étre occupé qu’à la défense & à la garde de son Prince qu’il regarde comme le seul Astre d’où dépend toute sa fortune.
X. DEVISE DV MARQVIS DE RICHELIEV.
Comme le feu qui brûle vne fusée volante est cause de son élevation, on peut dire de même que l’amour de la gloire, dont l’ame de ce Chevalier est embrasée, en luy faisant produire de grandes actions, sera cause de son éleuation aux plus grands & plus illustres emplois.
>XI. DEVISE DV COMTE DE DVRAS.
Le Lion qui ne se plaît que dans les païs extremement chauds, est redevable de l’ardeur de son courage à celle des rayons du Soleil dont il est échauffée : Ainsi ce Chevalier déclare que sa valeur s’augmente & se redouble par les regards favorables de son Prince.
p. 30TIMBALIER ET TROMPETTE PERSANS.
LA Coiffure étoit un bonent de satin incarnat brodé d’argent, doublé d’hermine, & couvert de plumes incarnates & blanches, qui étoient les couleurs de la Quadrille.
La veste étoit de satin incarnat bandé de blanc & brodée d’argent, & la soûveste de toille d’argent ; Les manches de dessus étoient de satin incarnat doublées d’hermine.
La Banderole de la Trompette étoit de satin blanc frangée & brodée d’incarnat & argent, & portoit la Devise du Chef de la Quadrille.
La Banderole des Timbales étoit de satin incarnat brodé d’argent.
Les carapaçons étoient de satin incarnat brodé d’or & d’argent, & doublé d’hermine.
p. 31ESTAFIERS, CHEVAL DE MAIN, ET PALFRENIERS PERSANS.
LE bonnet tant des Estafiers que des Palfreniers étoit de satin incarnat & blanc, brodé d’or & d’argent, avec des plumes blanches & incarnates.
Le manteau des Estafiers étoit de toille d’argent ainsi que la soûveste, terminez par des écailles, & lambrequins de broderie d’or & d’argent.
La veste étoit de satin incarnat chamarée de satin blanc bordé d’argent.
Le Carquois étoit d’argent émaillé d’incarnat.
Le carapaçon du cheval étoit incarnat brodé d’argent, le tout bordé d’une riche broderie enrichie de diamans.
Les écharpes de les testiere étoient de toille d’argent.
Les Palfreniers étoient vétus des mêmes étoffes & des mêmes couleurs, avec cette difference que leur veste étoit bordée d’hermine.
p. 32ESCVYER ET PAGE PERSANS.
LE bonnet tant de l’Ecuyer que du Page étoit de satin incarnat brodé d’argent, doublé d’hermine, & couvert de plumes blanches & incarnates.
La veste de l’Ecuyer étoit incarnate brodée d’argent, doublée d’hermine.
La soûveste & les manches de dessus étoient d’argent brodé d’or.
Le carapaçon étoit de satin incarnat bandé de satin blanc brodé d’argent, & bordé d’herminé, les ornemens d’Orféverie étoient d’or.
L’habillement du Page étoit semblable pour les étoffes, & pour les couleurs.
p. 33MARESCHAL DE CAMP PERSAN.
LE bonnet étoit de satin incarnat doublé de brocart d’argent, brodé d’or & de pierreries, avec des plumes des couleurs de la Quadrille.
La veste de satin incarnat brodée par bandes de brocart d’argent, & bordée d’hermine.
La soûveste & les manches de dessous brodées d’or.
Les manches pendantes étoient de satin incarnat brodées d’argent, & doublées de toille d’argent.
Le carapaçon du cheval étoit de satin incarnat brodé d’argent, & bordé d’hermine.
p. 34MONSIEVR, ROY DE PERSE.
LA veste étoit de brocart d’argent rebrodé d’argent & parsemé de rubis, & se joignit pardevant avec de grosses agrafe de rubis. Sur le devant autour du col d’une épaule à l’autre, il y avoit une chaîne de gros rubis, les entourneures des épaules étoient deux chaînes de pareils rubis.
Les manches se terminoient en des lambrequins entourez d’un rang de gros rubis, & qui avoient à leur bout des campanes de Cartisanne, & des pendeloques de rubis ; De dessous les manches qui passoient gueres les épaules sortoient d’autres manches qui alloient jusqu’au poignet, & toutes plissées jusqu’à la manchette qui faisoit des languettes.
Il portoit sur le dos une mante à la Persane de brocart incarnat rebrodé d’argent, semée de perles, noüée sur les épaules par deux gros boüillons, & dont le bas finissoit par des lambrequins garnis de campanes, comme cy dessus.
La coiffure étoit un bonnet à la Persane d’un brocart incarnat, brodé d’argent avec np une bande au dessus en écailles d’or, & un tour de même matiere chargé de pandeloques de rubis, & de perles. A ce bonnet étoit attachée une creste de plumes incarnat & blanc sans nombre, sur une grande rose de rubis.
Le bas de soye étoit gris de perle, & les botines de même étoffe & broderie que la veste, le haut de chacune étoit orné de boüillons de brocart d’argent, & d’une rose de rubis qui les soûtenoient : outre cela, elles étoient chamarées en brodequins d’une bande de satin incarnat brodé d’argent, le trou : garny de rubans incarnat & blanc.
La Selle du cheval étoit de brocart incarnat & argent rebrodé d’argent, & son molet d’argent, tout le carapaçon étoit de même étoffe & broderie chargé de gros rubis, & composé par le bas de campanes, & distinguées & terminées par des pandeloques de rubis & de perles, & noüées de roses de ruban incarnat & blanc, de même que tous les crins.
Il y avoit sur le chanfrin une grande rose de rubis, les six bossettes étoient deux autres roses ; le mort, & les étriers étoient d’argent garnis de rubis, & les resnes de brocart incarnat brodé d’argent aux extrémitez, desquelles pendoient des campanes à pandeloques, comme les précedentes.
npDEVISES DE LA SECONDE QVADRILLE.
p. 36DEVISE DE MONSIEVR.
Comme la Lune particulierement en son plein surpasse de beaucoup les autres Astres en grandeur & en Jumiere ; en sorte qu’il n’y a que le Soleil qui ait en cela quelque avantage sur elle, on peut dire, que c’est avec beaucoup de justice que Monsieur Frere Vnique du Roy l’a prise pour le corps de sa Devise, puis qu’il ne voit point de rang au dessus du sein que celuy de sa Majesté. Mais elle luy convient encore particulierement en cette rencontre, parce qu’il represente le Roy de Perse, qui s’estimant le plus grand de tous les Roys, ne reconnoissoit au dessus de luy que le Soleil qu’il adoroit.
DEVISE DV MARQVIS DE VILLEROY.
De même que ce Dard est toûjours environné de Laurier, quelque part qu’on le lance, soit qu’il frappe au but, soit même qu’il tombe à terre : Ainsi ce Chevalier a voulu faire entendre que quelque expedition qu’il entreprenne, elle sera toûjours accompagnée de la gloire dont le Laurier est le symbole, soit qu’elle luy reüssisse avantageusement, soit méme qu’il y perde la vie.
DEVISE DV COMTE DV PLESSIS.
L’activité & la violence du feu s’augmentent par la resistance qu’il rencontre, & plus il est resserré, plus il éclate ; Il en est de même d’un grand courage, qui sent redoubler son ardeur, soit dans la guerre, soit dans l’amour, par les obstacles & les difficultez qui se presentent.
DEVISE DV MARQVIS DE BELLEFOND.
Comme une Abeille, aprés avoir consideré toutes les fleurs d’un Parterre, enfin s’attache à une seule ; De même ce Chevalier fait entendre par cette Devise, qu’encore qu’il ait beaucoup de civilité, & d’inclination pour toutes les Dames ; il y en a une neantmoins qui a toutes ses affections, & à laquelle son cœur est particulierement attaché.
DEVISE DV CHEVALIER DE ROHAN.
Ce feu peut representer ou celuy de la gloire ou celuy de l’amour, mais de quelque sorte qu’on l’interprete, ce Chevalier declare qu’il luy est aussi impossible d’en brûler sans faire du bruit, soit en faisant parler de luy par ses belles actions, soit en parlant de son ardeur à celle qui en est la cause, qu’il est mal aisé que des Lauriers se laissent consumer par le feu qui les brûle sans faire beaucoup de bruit & beaucoup d’éclat.
npDEVISE DV COMTE L’ISLEBONNE.
Comme il n’y a que la seule lumiere du Soleil qui soit capable d’effacer celle d’un flambeau qui éclate durant la nuit quelque autre Astre qui brille le Ciel. Ce Chevalier prétend de même que la gloire de sa Majesté efface à la verité la sienne : mais qu’il se sent enflamé d’un si grand desir d’en acquerir, qu’il ne voudroit pas le ceder à pas un autre.
DEVISE DV PRINCE DE MARSILLAC.
Quelque grande que soit l’ardeur des vrays Amans, leur discretion doit étre encore plus grande, & cacher plus de la moitié de leur passion. C’est ce qu’a voulu faire entendre ce Chevalier par cette fournaise, dont l’on ne peut empécher qu’il ne sorte quelque flame : mais qui en renferme bien plus qu’elle n’en laisse paroître.
DEVISE DV COMTE DE FOIX.
La plus-part des Amns témoignent leur passion dans leurs Devises, & publient bien souvent ce qu’ils devroient cacher : Mais ce Chevalier aimant à faire voir son amour par sa dicretion, dit que ce même amour luy défend d’en faire rien paroître.
DEVISE DV COMTE DE CLERE.
La flâme s’éleve sans cesse, & par vne heureuse hardiesse prend toûjours le dessus ; A son imitation ce Chevalier espere avoir toûjours avantage & sur ses rivaux & sur ses ennemis.
DEVISE DV COMTE DE VAILLAC.
Comme la flâme surmonte tous les obstacles qu’elle rencontre, & qu’elle s’augmente avec le temps au lieu de diminuer tant qu’elle trouve de l’aliment. Ainsi l’ardeur d’un grand courage se redouble par les difficultez, & par le temps quand il luy fournit de nouvelles occasions de se signaler.
DEVISE DV COMTE D’ILLIERS.
Vne fusée volante ne dure pas longtemps, mais elle s’éleve toûjours & avec éclat tant qu’elle dure. Ce Chevalier qui la prend pour sa Devise, souhaite de luy ressembler, consentant que sa vie soit de peu de durée, pourveu qu’elle soit éclatante, & qu’elle aille toûjours s’élevant jusqu’au comble de la gloire.
p. 38TIMBALIER ET TROMPETTE TVRCS.
LA Coiffure étoit un Turban de toille d’argent rayé de bleu, & les revers de satin bleu brodé d’argent.
Les plumes étoient à trois rangs, noires bleuës & blanches.
La veste de satin bleu bandée de satin noir aux extremitez, & frangée d’argent ; elle étoit doublée de toille d’argent.
La soûveste & les manches de dessous étoient de satin blanc, bandées de satin brodé d’or.
Les brodequins étoient de satin bleu chamaré de blanc, & de noir.
Le carapaçon du cheval & les banderolles, tant de la Timbale que la Trompette, étoient de satin bleu bandé de satin noir brodé d’or, & tous les Croissans &toient d’argent.
p. 39ESTAFIERS, CHEVALIERS DE MAIN, ET PALEFRENIERS TVRCS.
LE bonnet étoit de toille d’argent chamaré d’or, doublé de satin bleu brodé d’argent ; l’Aigrette naissoit d’un Croissant d’argent embrassant un miroir, & autour étoient des écailles d’or & d’argent, d’où formoient des plumes pendantes, noires, bleuës & blanches.
La veste étoit de satin bleu avec des bandes de satin noir aux extremitez, brodée & frangée d’or & d’argent, & doublée de toille d’argent.
Les Boutosnieres étoient d’argent.
La soûveste & les manches de dessous de satin blanc, rayées de noir & bleu brodées d’argent.
Les brodequins étoient de satin bleu, chamaré de blanc & de bleu.
Le carapaçon du cheval étoit de satin bleu brodé d’argent, avec une bande de satin noir brodée d’or & d’argent, enrichie de Turquoises & de Diamans.
Les Croissans étoient d’argent.
p. 40ESCUYER ET PAGE TVRCS.
LA Coiffure étoit moitié Bonnet & moitié Turban. Le Bonnet étoit de satin bleu brodé d’argent, & le Turban étoit de toille d’argent rayé de bleu : Outre les plumes ordinaires, il y en avoit encore en forme d’aisles, tant sur le Bonnet qu’aux deux épaules, de couleur de la Quadrille.
La veste étoit de satin bleu, doublée de toille d’argent, & brodée de satin brodé d’or & d’argent.
Le carapaçon du cheval de l’Ecuyer étoit une peau de Lyon, dont la criniliere étoit d’or.
Et le carapaçon du cheval du Page étoit de satin bleu brodé d’argent, & bandé de satin noir brodé d’or, avec des Croissans d’argent.
p. 41MARESCHAL DE CAMP TVRC.
L’Habit étoit semblable à celuy de l’Ecuyer, à la reserve seulement qu’il n’avoit pas de ces grandes aisles attachées au dos.
p. 42LE PRINCE DE CONDE, EMPEREUR DES TVRCS.
LA sûveste étoit de satin rouge cramosy brodé d’argent, qui se joignoit pardevant avec de grosses agraffes de Turquoises, & de Diamans. Les entourneures des épaules de dessus étoient aussi de Turquoises & de Diamans, & celles de dessous de Croissans d’argent d’Orfévreries.
De dessous celles-cy sortoient des lambrequins semez de Diamans & de Turquoises, enchassez dans la même broderie & étoffe que la sûveste.
Cette sûveste finissoit en bas par de semblables lambrequins, & le revers qui étoit de brocart d’argent paroissoit, parce que les coins de devanat étoient relevez & attachez pardes agraffes semblables aux autres, à une écharpe d’étoffe à la Persane d’argent rayée de filets d’or, dont les bouts étoient garnis de frange d’or.
Au devant du Turban qui étoit de même étoffe, & environné de bandes de brocart d’argent rebrodé d’argent, & garny de Diamans & de Turquoises, paroissoit vn Croissant de mêmes pierreries, sur une grande Enseigne de même.
[np]Ce Croissant soûtenoit une masse de plumes bleües, blanches & noires, desquelles sortoient quatre Herons.
Il avoit une soûveste de brocart d’or brodé d’argent, qui étoit garnie par le bas de Croissant d’argent d’Orfeverie, distinguez par de campanes de cartisanne d’or.
Les manches étoient de même brocart liées avec des bracelets de Diamans, & de Turquoises : la manchette étoit en forme d’écailles, de brocart d’argent.
Des Croissans d’argent d’Orféverie enchainez les uns aux autres, composoient deux manches pendantes derriere les épaules.
Les botines étoient de satin rouge cramoisy brodé d’argent, & doublé de brocart d’argent, renversées & bordées par le haut d’un tour d’écailles rouge cramoisy brodé d’argent : le devant étoit garny depuis le haut jusqu’au bas de Croissans d’argent comme les premiers, le devant & le reste étoit entouré & relié d’une bande de brocart d’or rebrodé d’argent.
La housse de satin bleu bordée d’argent étoit entourée d’une bande noire brodée d’or taillée en campanes, chacune desquelles étoit garnie d’une rose de Turquoise, & de Diamans, & avoit à son bout une autre campane de cartisanne d’or.
Il y avoit une cartouche de vermeil doré attachée à la housse par des Turquoises & des Diamans, & par deux Croissans de mêem vermeil au bas de cette cartouche pendoit un autre croissant de même.
Le carapaçon de la croupe étoit de satin bleu brodé d’argent, & chargé de grands Croissans de vermeil doré, avec des campanes de cartisanne d’or tout autour, le mors, les étriers, & les éperons étoient de vermeil doré garnis de Turquoises & de Diamans, les bossettes de deux roses de mêmes pierreries, la testiere, les resnes, & les estrivieres de brocart d’or garnies de même.
Sur le front du cheval qui étoit un grand coursier de Naples blanc, pendoit un grand Croissant de mêmes pierreries, au dessus duquel paroissoit un chanfrein de plumes bleües, blanches & noires, tous les crins étoient noüez de rubans de même couleur.
npDEVISES DE LA TROISIEME QVADRILLE.
p. 44DEVISE DV PRINCE DE CONDÉ.
Comme le Croissant augmente de plus en plus en lumiere selon qu’il est regardé du Soleil, ainsi le Prince qui le prend pour sa Devise, veut faire entendre que tenant du Roy toutes ses grandeurs, & tout son éclat, il reconnoit que sa gloire augmentera à proportion des regards favorables qu’il recevra de sa Majesté.
DEVISE DV COMTE DE SERY.
Les fleurs d’un arbre sont comme une assurance des fruits qu’il doit donner : ce qui marque tres-bien ce qu’on peut attendre d’un jeune Chevalier, qui promet dans peu les fruits d’une valeur consommée, bien qu’il ne soit encore que dans la premiere fleur de son âge.
DEVISE DV MARQUIS DE SOYECOURT.
La Toison d’or servoit d’ornement tout ensemble, & de défense à l’arbre qu’elle couvroit, & de cette sorte elle convient parfaitement au Maistre de la Garderobe, qui ne se vante pas seulement de parer son Prince : mais de le défendre aussi en toutes occasions, au peril de sa vie.
DEVISE DV COMTE DE SAVLT.
Il est aisé de voir par cette Devise que le Chevalier qui la porte, veut égaler la vertu de ses ayeuls, & imiter le jeune Lyon, qui donne dé-jà des marques qu’il se rendra avec l’âge aussi redouté que ses peres.
DEVISE DV DVC DE BOVILLON.
Cette Plante a l’avantage de suivre en quelque sorte le cours du Soleil ; ainsi ce Chevalier ne pouvoit choisir un corps de Devise, qui marquât plus précisément son attachement à son Prince, & son exactitude à suivre tous les Commandemens.
npDEVISE DV MARQVIS DE CHARMASEL.
Ce Chevalier déclare qu’il aime les Couronnes, non pas celles qui ne sont composées que de fleurs faciles à trouver : mais bien de celles qu’on ne sçauroit cueillir qu’avec difficulté & avec peril, comme la Palme & les Lauriers.
DEVISE DV MARQVIS DE GAMACHE.
Le Palmier n’est jamais accablé sous le poids d’aucun fardeau, il s’éleve plus on le charge ; que si quelquefois il abbaisse sa cime & ses branches, ce n’est que pour s’approcher davantage de l’arbre, dont il est amoureux, enquoy il est vray symbole d’un grand courage, qui ne peut estre fléchy que par la douceur, & vaincu que par l’amour.
DEVISE DV CHEVALIER DE BETHVNE.
La gloire du Roy est une lumiere éclatante, qui allume dans le cœur de ce Chevalier une ardeur incroyable pour son service, & qui ressemble en cela aux rayons du Soleil qui produisent du feu, étans receus & refléchis par le miroir ardent.
DEVISE DV MARQVIS DE PEGVILIN.
Le Girasol par le soin qu’il a de suivre le Soleil, semble le conjurer sans cesse de ne point détourner ses regards de dessus luy ; & en cela il est le symbole d’un Chevalier fidele à sa Maîtresse, dont il souhaite sur toute chose d’étre regardé sans cesse & favorablement.
DEVISE DU MARQVIS DE COASLIN.
Le Iavelot que l’Aurore donna à Cephale ne manquoit jamais sa proye, & c’est sans doute à celuy-là que cette Devise fait allusion : en sorte que ce Chevalier prétend n’étre pas moins seur de son coup, que Cephale l’étoit autrefois.
DEVISE DV DVC LVXEMBOVRG.
Ce Chevalier prétend que la renommée n’égalera jamais ses actions, de méme qu’elle n’a jamais égalé celles d’Hercule ; Plusieurs desquelles sont demeurées ensevelies dans l’oubly.
p. 46TIMBALIER ET TROMPETTE INDIENS.
LA Coiffure du Timbalier étoit un grand Perroquet, accompagné de deux petits sur ses épaules avec leurs plumes de couleur naturelle.
Le fonds de l’habit étoit couleur de chair brune chamaré de jaune & de noir : le jaune étoit brodé d’argent, & le noir étoit brodé d’or.
Les ornemens étoient de couleurs differentes.
Il avoit une espece de plastron d’or orné de perles.
Le carapaçon & banderolle étoit des bandes de satin jaune & de satin noir brodé d’or & d’argent avec des lambrequins de plumes de toutes couleurs.
p. 47ESTAFIERS, CHEVAL DE MAIN, ET PALFRENIERS INDIENS.
LE bonnet tant des Estafiers que des Palfreniers étoit d’or orné de plumes de toutes couleurs avec un bouquet de couleur de la Quadrille.
Le juppon étoit de couleur de chair brune bandé de noir, brodé d’or, croisé d’vne doublé écharpe de satin noir brodé d’or & couvert de perles.
La ceinture étoit de gase d’argent, & des plumes de toutes couleurs marquoient les extremitez.
Le carapaçon du cheval étoit de satin noir tout brodé d’or, bandé de satin jaune brodé d’argent, & boidé de perles : toutes les extremitez des lambrequins étoient ornez de plumes de toutes couleurs.
p. 48ESCUYER ET PAGE INDIENS.
LE bonnet tant de l’Ecuyer que du Page étoit or & argent, garny de plumes à plusieurs rangs de toutes couleurs, & chargé d’un Bouquet de couleur de la Quadrille.
Le corps de l’habit étoit de couleur de chair brune, orné d’or, de perles, & de plumes de toutes couleurs.
Le carapaçon étoit de satin jaune, bandé de satin noir, brodé d’or & d’argent, & enrichy aux extremitez de plumes de toutes les couleurs.
p. 49MARESCHAL DE CAMP INDIEN.
L’Habit du Mareschal de Camp étoit pareil à celuy de l’Ecuyer, à la difference qu’il étoit plus riche & plus chargé de Broderie de pierrerie, de perles, & de corail.
p. 50LE DVC D’ANGVIEN, ROY DES INDES.
LE corps étoit de brocart or & noir rebrodé d’argent, & semé de Diamans. Le Tonnelet étoit de même parure aussi bien que les demy-manches, l’entourneure des épaules & du bas des manches, le bas du Buseq, & le bas du Tonnelet chargez chacun d’un rang de grosses perles.
Il avoit penduë au col une écharpe d’or en broderie, qui s’ouvroit au devant vers les deux costez, par-dessous les bras se rejoignoit entre les deux épaules, & remontoit jusqu’au derriere du col chargée de Diamans, au bas de chacun desquels pendroit une grosse perle en poire.
Vne plume feinte de broderie d’argent, & une autre qui étoit naturelle, & de couleur de chair mélées ensemble, faisoient sa cravatte.
Pour lambrequins sur les épaules, au bout des manches, au haut & au bas du Tonnelet, & au haut des botines étoient deux rangs de ces deux sortes de plumes ; les feintes au dessus np des naturelles, excepté le haut du Tonnelet, qui en avoit un rang de naturelles entre deux rangs de feintes, & qui de méme que le bas du Tonnelet avoit des campanes de cartisanne or & argent au bout des lambrequins.
La Coiffure étoit un bonnet à l’Indienne, exprimé par des plumes feintes de broderie d’or & d’argent qui soûtenoient les naturelles, jaunes, blanches & noires, qui étoient les couleurs de la Quadrille, desquelles sortoient quatre Herons.
Les botines étoient de brocart d’or chamarées de bandes d’or, & couvertes de perles.
La housse étoit de brocart d’or brodé d’argent avec des bandes de brocart d’or & noir, rebrodé d’or, & des campanes, d’où pendoient d’autres campanes de cartisanne d’or & d’argent.
Le poitral & le carapaçon de la croupe étoient de brocart noir & or, & de plusieurs autres pieces de brocart d’or brodé d’argent adaptées sur l’or & sur le noir, de plusieurs rangs de grosses perles qui tournoient à l’entour des morceaux de broderie d’argent, il pendoit de grosses perles en poires dans les interualles de ces pieces.
Les resnes, la testiere, & les estrivieres étoient de brocart d’or couvert de broderie d’argent, le mors, l’étrier, & l’éperon d’or, & les bossettes étoient de roses de Diamans.
Sur le front du cheval s’élevoit un chanfrein de plumes jaunes, blanches & noires sur une campane de brocart d’or, avant un gros Diamant au milieu, tous les crins étoient noüez de roses de ruban de méme couleur.
npDEVISES DE LA QVATRIEME QVADRILLE.
p. 52DEVISE DV DVC D’ANGVIEN.
Le Soleil étant l’unique source de toutes les Lumieres, les plus grandes Etoilles ont cét avantage d’en recevoir une plus abondante effusion que les autres, & c’est par cette comparaison que le Prince qui prend pour sa Devise l’Etoille du poinct du jour, la plus brillante de toutes, se glorifie de recevoir du Roy, plus de grace, & plus de faveur, que tous les autres Astres qui l’environnent.
DEVISE DV MARQVIS DE CANAPLES.
Cette Devise peut signifier que comme toutes les beautez n’ont pas touché le cœur de ce Chevalier, il ne peut pas dire aussi qu’aucune ne l’ait frappé : Ou bien elle peut donner à entendre, que si toutes ses pretensions n’ont reüssi, au moins quelques-unes ont eû une issuë favorable.
DEVISE DV COMTE DV PLESSIS.
La Flèche étant une arme qui sert également à Mars ou à l’Amour, elle represente un Chevalier également Vaillant & Amoureux, & qui est prest d’affronter tous les hazards, où l’une & l’autre des ces Divinitez l’appelleront.
DEVISE DV MARQVIS DE GENLIS.
Comme le mélange de ces divers instrumens dont l’usage est si different, compose un trophée agreable à la veüe. Il en est de même d’un Chevalier, qui sçait joindre aux exercices penibles de la guerre, les jeux agreables de la Paix.
DEVISE DV COMTE DE GVITAVT.
Soit que le Soleil represente la beauté dont ce Chevalier est Amoureux, soit qu’il signifie son Prince, il délcare par cette Devise, que sa fidelité pour son Maître ou pour sa Maîtresse, n’est pas moins constante, ny moins éprouvée que celle du Girasol, pour le bel Astre qu’il suit toûjours.
npDEVISE DV MARQVIS DE MONPESAT.
Le Chevalier qui porte cette Devise, veut donner à entendre que quelque glorieux qu’il soit, de remporter le prix dans des combats de Barriere, tels que ceux du Carrousel, son ame neantmoins ne peut étre pleinement satisfaite, qu’en remportant le prix d’un combat veritable.
DEVISE DV DVC DE NEVERS.
Le Soleil est le Père, la nourriture & la joye du Phenix, & ce Chevalier qui le prend pour sa Devise, veut témoigner par ce symbole, non seulement qu’il tient tout de sa Majesté : mais aussi qu’elle luy tient lieu de toutes choses.
DEVISE DV COMTE DE ROYE.
Quelque affreuse que soit la mort, le sujet en est quelquefois si beau, qu’elle peut étre souhaitable : Et comme le Phenix s’y resout sans peine, parce que le Soleil en est la cause, ce Chevalier proteste qu’il la perdroit avec joye, si elle étoit employée pour le service de son Maître.
DEVISE DV MARQVIS D’HVMIERES.
Vne seule de ces Couronnes pourroit satisfaire l’ambition d’un courage mediocre : mais une ame heroïque aspire à toutes, & ce Chavalier témoigne qu’il n’y en a pas une qu’il ne veüille obtenir.
DEVISE DV DVC SVLLY.
Comme l’ardeur du miroir augmente à proportion de la lumiere qu’il reçoit du Soleil, ainsi ce Chevalier assure que son courage & son amour redoublent, selon qu’il est regardé de son Prince, ou de sa Maîtresse.
DEVISE DV MARQVIS D’OVAILLY.
Comme le Rozier donc les boutons sont prests d’éclore, semble dire au Soleil qu’il le regarde, & qu’aussi tost il fleurira : ainsi ce Chevalier qui conçoit de grands desseins pour le service de son Prince, ne demande que d’en étre consideré, pour faire de grandes actions qui le couvriront de gloire.
p. 54TIMBALIER ET TROMPETTE AMERIQVAINS.
LE Bonnet de l’un & de l’autre étoit fait de plusieurs coquilles de corail.
Tout le corps étoit de satin vert brodé en écailles d’argent, les manches & les extremitez du corps étoient de nageoires de poissons.
Les carapaçons des chevaux étoient de peaux de Tigres, avec des bandes de velours vers, cloüées & rebordées en campanes de bandes d’or.
p. 55MORES PORTANS DES SINGES, ET MENANS DES OVRS.
CEs Mores avoient chacun un colier d’argent & un vestement d’hermine, qui ne tenoit que sur un épaule, & étant ceint par le milieu du corps, les couvroit jusques aux genoux ; le vestement étoit bordé par le bas d’vne bande de broderie.
p. 56ESTAFIERS, CHEVAL DE MAIN ET PALFRENIERS AMERIQVAINS.
LEs Estafiers representoient des Sauvages ; leur vestement étoit une peau de Tigre, dont la teste leur servoit de bonnet, & les deux pieds de devant entouroient le col, & étoient noüez en forme de cravate : cette peau qui étoit doublée de satin couleur de chair, étoit retroussée par les deux costez, & s’atachoit par derriere à la queüe du Tigre.
Ils avoient sur la teste une espece de Couronne de feüilles de vigne, & autour des bras des bracelets aussi de feüilles de vigne.
Ils étoient ceints avec des bandes d’or, & portoient chacun une massüe sur leurs épaules.
Les Palfreniers representoient des Satyres couronnez, & environnez par tout le corps de branches & de feüilles de vigne, avec des doubles écharpes croisées, & des ceintures faites de larges bandes d’or.
Le carapaçon du cheval étoit une peau de Tigre, bordée d’une large bande de velours vert en broderie d’or & d’argent, avec une autre bordure taillée en façon de campanes brodées & chargées de mufles de Lyon en broderie d’or, & enrichies de pierreries, les campanes rebordées de fourures.
Le cheval avoit une corne au milieu du front en manière de Licorne.
p. 57ESCVYER ET PAGE AMERIQVAINS.
LE casque de l’Ecuyer étoit d’or en forme de teste de Dragon, d’où pendoit une longue criniere par derriere. L’habit étoit fait de lames d’or où étoient enchassez des yeux de Dragon, & les lambrequins qui tomboient sur le Saye étoient de fourures chargez de lames d’or, où étoient aussi des yeux de Dragon.
Le Saye étoit de satin couleur de chair, avec une bande de velours vert en broderie d’or, & une frange aussi d’or.
Le carapaçon du cheval étoit une peau de Tigre, bandé de velours vert en broderie, avec des lambrequins de fourures chargez d’yeux de Dragon.
La coeffure du Page étoit un bonnet de fourure, chargé d’une peau de Singe : il avoit le corps couvert d’une peau de Tigre, & le Saye fait de diverses écailles.
Le carapaçon du cheval étoit une peau de Poisson de Mer, avec des lames d’or cloüées dessus.
p. 58MARESCHAL DE CAMP AMERIQVAIN.
SON bonnet étoit d’or en forme de Turban, chargé de perles, d’une plume de Heron, & de plumes des couleurs de la Quadrille.
Son habit étoit de lames d’or ; sur les épaules étoient des testes de Tigres, d’où pendoient aussi bien que du bas des manches & du Tonnelet des lambrequins de fourures chargez d’yeux de Dragon, & de pierreries.
Le carapaçon étoit une peau de Panthere, recouuerte de feüillages d’or chargez de pierreries, & rebordées de fourures.
p. 59LE DVC DE GVYSE, ROY AMERIQVAIN.
LA cuirasse étoit de peau de Dragons, dont les deux testes se rencontrant sur les épaules, vomissoient les manches, dont celle de dessus étoit de brocart vert, rebrodé de même que l’habit, & celle de dessous de toille d’argent qui descendoit jusque sur le poignet, étoit liée d’un bracelet de grosses Emeraudes, & les queües de Dragons faisoient des lambrequins ; le tout chargé d’une broderie de perles & de rubis, ainsi que les brodequins.
Sur la coeffure qui étoit un morion d’or, rampoit vn Dragon de même métal, qui soûtenoit deux cercles de brillans d’or, chargez de plumes vertes & blanches, surmontées de trois bouquets de plumes en Aigrette, d’où sortoient trois masses de Heron, qui donnoient quatre pieds de hauteur à cét habillement de teste, duquel une queüe de plumes encor descendoit sur le dos du Chevalier.
Son Cimeterre étoit d’or garny de pierreries, le fourreau à la Chinoise enrichy de même, il portoit une masse d’armes à aîles dorées, & découpées à jour, dont le bâton étoit entouré d’un Serpent au naturel.
[np]Il montoit un grand Coursier Bay, caparaçonné d’une peau de Tigre, avec la bordure en broderie d’or & d’argent, il y avoit une teste de Dragon d’or au poitral, des Serpens d’or & de soye sur les épaules & sur les flancs au lieu des campanes, & un gros mufle de Dragon vomissoit sur la croupe quantité de couleuvres, qui en formoient la queüe, comme les corps de Dragon double entrelassez de part & d’autre à costez de la méme croupe faisoient les pendans de la croupiere, & plusieurs couleuvres faisoient aussi les crins du col.
Le Coursier avoit au front une corne dorée, au dessus de laquelle s’élevoit une Aigrette de brillans d’or & d’argent, d’où sortoit une masse de Héron.
npDEVISES DE LA CINQVIEME QVADRILLE.
p. 61DEVISE DV DVC DE GVYSE.
Ce Prince a voulu témoigner par sa Devise, que les Courses de Bague, les Ioustes, & les Carrousels, peuvent bien étre l’objet de ses divertissemens, mais non pas de ses occupations : & qu’ils aspire à la gloire des hautes avantures, & des travaux les plus illustres representez par un Lyon courageux, qui abat & terasse un ennemy digne de luy.
DEVISE DV CHEVALIER D’HARCOURT.
Le Soleil étant le source de la Lumiere, & la cause principale des Foudres ; ce Chevalier veut donner à entendre que le Roy representé par ce Soleil, est celuy de qui sa Maison & luy tirent toute leur gloire, & de qui partent les foudres qui doivent abatre l’orgueil des Ottomans.
DEVISE DV MARQVIS DE ROCHEFORT.
Comme cette Epée est recomandable par l’éclat & le prix des pierreries qui l’embelissent, & au même temps par le secours que l’on en peut tirer ; ce Chevalier prétend de même, que sa valeur doit tout ensemble luy acquérir la gloire, & servir à la défense de son Prince, & de son Païs.
DEVISE DV MARQVIS DE PLVMARTIN.
Il se fait un espece de combat entre le Diamant & l’Aimant qu’on employe pour le polir, où tout le dommage est du costé de l’Aimant qui se consume, & l’avantage du costé du Diamant, qui en reçoit en nouvel éclat ; Ce Chevalier prétend qu’il en arrivera de même dans tous les combats qu’il entreprendra, où ses ennemis se trouveront toûjours mal de l’avoir attaqué, & luy au contraire, en sortira à son avantage, & plus brillant de gloire qu’auparavant.
DEVISE DV MARQVIS DE LA CHASTRE.
Ce Chevalier veut donner à entendre que son cœur est sensible à la gloire & à l’amour representez par l’Encens, & le Myrthe, qui en sont les symboles.
npDEVISE DV MARQVIS DE RAGNY.
Vn Oranger que l’on a enté sur un Sauvageon non seulement apporte de plus beaux fruits, & de plus belles fleurs : mais pousse aussi de plus beaux feüillages qu’auparavant. Ce Chevalier assure qu’il en est de même, qu’il tempere les exercices farouches de la guerre, par les jeux & les divertissemens de la Paix.
DEVISE DV MARQVIS DE MIREPOIX.
Ces deux Arbres dont la signification est assez connüe, ont été choisis par ce Chevalier, pour faire entendre qu’il ne trouve point de party à prendre entre celuy de la Victoire, & celuy de la Mort.
DEVISE DV MARQVIS DE VERVINS.
L’Encens étoit consideré non seulement comme une marque du culte que l’on rendoit aux Dieux, mais en quelque façon comme une nourriture dont ils se repaissoient, & c’est pour cette raison que ce Chevalier l’employe dans sa Devise, pour témoigner qu’il ne croit vivre que pour honorer son Prince, & qu’en qualité de premier Maître d’Hôtel du Roy, il se donne tout entier aux soins de la table de S.M.
DEVISE DV MARQVIS DE BEVVRON.
Quelque fois l’inconstance de la giroüete, elle ne change point toutesfois de situation, à moins que le vent qu’elle est forcée d’imiter, n’en ait auparavant changé ; Le Chevalier proteste qu’aussi ne changera-il jamais, à moins que sa Maîtresse ne change la premiere.
DEVISE DV MARQVIS DE TVRY.
Le plaisir que l’Aigle trouve à regarder le Soleil, le charme tellement qu’il ne s’apperçoit pas que le feu se prend à ses plumes, ce qui represente bien l’ardeur d’un cœur passioné qui veut bien étre embrasé des beaux yeux qu’il aime, pourveu qu’il ait le plaisir de les voir.
DEVISE DV DVC DE BRISSAC.
Si les regards du Soleil font l’accroissement des Arbres, ceux du Prince ne contribüent pas moins à élever le courage & la fortune de ceux qui le servent, & c’est par cette consideration que ce Chevalier promet d’égaler dans peu les grandes actions de tous ces Ancestres, s’il est regardé favorablement de sa Majesté.
COMPARSE DES CINQ QVADRILLES DANS L’AMPHITHEATRE.
AVSSI-TOST que les Quadrilles eûrent paru dans l’Amphiteatre, ainsi qu’il a été cy-devant, qu’elles se furent rangées chacune en leur poste par les soins du sieur de Vigarani, & que celle du Roy se fut placée en face du Camp vis-à-vis de l’Echafaut des Reynes ; le Mareschal de Camp general fit poser les Testes, fermer les Barrieres, & poster les Chefs des autres Quadrille aux quatre coins : Mais avant que de donner le signal pour la Course, il fit ietter par tout des imprimez qui contenoient les Loix du Camp en la manière qui suit.
LOIX DV CAMP.
CHAQVE Quadrille courra quarante-quatre Courses, & celle qui emportera le plus grand nombre de Testes, aura l’avantage sur les autres : Mais affin de ne pas faire tort à l’adresse des Chevaliers des autres Quadrilles, en cas qu’il y en ait un, ou plusieurs, qui ayant plus ou égal nombre de Testes que ceux de la Quadrille victorieuse, ils pourront repasser dans ladite Quadrille, & auront le choix, ou de faire courre les Chevaliers sur leurs mêmes Courses, ou de s’éprouver une seconde fois contr’eux, & celuy qui demeurera superieur par le plus grand nombre de Testes, gagnera le Prix.
Le Chevalier qui en courant laissera tomber le Casque, l’Epée, ou le Dard, perdra l’étrieux, ou duqule le cheval tombera, perdra toutes ses Courses : Et parce qu’on court la Bague & les Testes, & qu’on ne les galoppe pas, toutes Courses faites seront contées pour rien.
La demy-volte prise, le trot étant de mauvaise grace, fera perdre la Course au Chevalier.
Et comme il est impossible, que courant des quatre costez, les Iuges du Camp puissent aisément voir les Testes qu’on emporte, il faut que chacun d’eux choisisse une Barriere pour en prendre le soin, & qu’il y établisse un Gentilhomme, auquel sera donnée la liste des Quadrilles, & les noms des Chevaliers qui les composent, qui tiendra, & écrira le conte exact des Testes qui auront été emportées.
Il est aussi à propos que ce Gentilhomme ne parte point de la Barriere, & qu’il y ait un autre auprés de luy, lequel il envoyera lors que les Courses des Chevaliers seront fournie, pour porter aux Iuges de Camp, les noms des Chevaliers, & le nombre des Testes qu’ils auront emportées, selon lesquelles l’équité des Iuges du Camp donnera le Prix à celuy, qui par son adresse, l’aura le mieux merité.
p. 64En même temps il fut encore répandu de tous costez d’autres imprimez, qui contenoient les noms des Chefs & des Auenturiers des Quadrilles, avec l’ordre dans lequel ils devoient faire leurs Courses.
ORDRE DES QVADRILLES.
- LE ROY.
- Vivonne.
- S. Aygnan.
- Navailles.
- Armagnac.
- Du Lude.
- Lonvigny.
- La Feüillade.
- LE ROY.
- Armagnac.
- S. Aygnan.
- MONSIEVR.
- Villeroy.
- Comte du Plessys.
- Bellefons.
- Rohan.
- Lislebonne.
- Marsillac.
- Foix.
- Clere.
- Vaillac.
- Isliers.
- Mr LE PRINCE.
- Sery.
- Soyecourt.
- Sault.
- Boüillon.
- Charmasel.
- Gamache.
- Bethune.
- Peguilin.
- Coaslin.
- Sery.
- Mr LE DVC.
- Canaple.
- Cher du Plessys.
- Ianlis.
- Guittau.
- Monpesat.
- Nevers.
- Roye.
- Mr le Duc.
- Süilly.
- Oüailly.
- Mr le D. de Guise.
- Cher d’Harcourt.
- Rochefort.
- Plumartin.
- La Chastre.
- Ragny.
- Mirepoix.
- Vervin.
- Beuvron.
- Turry.
- Brissac.
ANE Duc de Gramont.
COVRSES DE TESTES.
IL est à remarqier, qu’au lieu que la Course de Testes ne se fait ordinairement que par un seul homme à la fois ; elle se fit icy par quatre, & fut de cette sorte plus considerable, non seulement par le nombre des Chevaliers mais aussi par les difficultez plus grandes que cette augmentation y aportoit. Premierement, il falloit que ces quatre Avanturiers fissent leurs voltes avec tant de concert, qu’ils arrivassent ensemble au milieu du Camp, & pussent en conversant leur rang, reprendre aussi en même temps leur carriere vers la Meduse ; Et de plus, il étoit necessaire à cause de la vaste étendüe du Camp, d’avoir des chevaux de bonne haleine & bien dressez, en sorte que dans un si grand nombre de voltes & de demy-voltes ausquelles ils étoient obligez, ils ne prissent trop d’ardeur, & au lieu de se soûtenir toûjours également, ne se missent au trot ou en desordre.
Chacun de ces Chevaliers couroit la Lance à la main le long de la Barriere, & emportoit une Teste de Turc posée sur un buste de bois doré sur la Barriere même, de la hauteur de six pieds : puis quitant la Lance avec un demy-volte à la droite, prenoit un Dard sous la cuirasse, & revenoit darder la Teste de More sur un autre buste, distant de cinq pieds de la méme Barriere, & de la hauteur de quatre pieds. Ensuite, il s’écartoit par une demy-volte à la droite, & revenoit avec un autre Dard, vers le milieu du grand Carré où les Chevaliers se rencontroient & faisoient ensemble une volte & demie aussi à droite à l’entour du Mareschal de Camp general ; après quoy ils partoient d’un méme temps, & chacun d’eux changeant de côté, s’en alloit vers la Barriere opposée à celle où il avoit dardé le More, prenoit la demy-volte à droite, & revenoit le long de la barriere, darder la Teste de Meduse presentée dans un Bouclier par un Persée, qui tenoit dans l’autre main une épée comme pour se défendre. Enfin, par une autre demy-volte à la droite, en s’écartant de la Barriere, il la rejoignoit aussi-tost, & courant l’épée à la main, il emportoit une Teste posée sur un buste de bois, à un pied de terre.
Il faut encore observer, que les quatre Chevaliers qui couroient n’étoient pas d’une méme Quadrille, mais des quatre premieres dont les quatre Chefs faisoient ensemble la premiere Course. Ensuite, quatre Chevaliers tirez des quatre Quadrilles, & ainsi des autres jusqu’aux quatre derniers, aprés quoy la Quadrille du Duc de Guise fit ses Courses, & parce que d’onze Chevaliers dont elle étoit composée en comptant le Chef ; il ne restoit que trois Chevaliers pour la derniere Course, le Duc de Guise reprit la place qui restoit à la troisiéme Course, & commença sa seconde Course, & ainsi remplissant successivement les uns les autres la derniere place, il se trouva que courant chacun quatre fois, il fournirent les quarante-quatre Courses.
p. 66Tous les Chevaliers signalerent si bien leur adresse, & firent de si bonne grace tous les exercices, qu’ils meriteerent également la reputation de beaux & de bons hommes de cheval, chacun d’eux s’efforçant avec d’autant plus d’émulation qu’ils étoient animez pas l’exemple de leur Prince, qui ne dédaignoit pas d’étre leur concurrent en cette occasion. Sa Majesté remporta toutes les seize Testes avec une grace qui charmoit tout le monde : mais la fortune ayant voulu que le Dard s’en séparât quelquefois en tombant, elle favorisa davantage l’adresse du Marquis de Bellefons Chevalier de la Quadrille de Monsieur, qui les emporta toutes sans le moindre defaut, & receut des mains de la Reyne aux fanfares des Trompettes & des Timbales, qui avoient à diverses reprises fait retentir l’air durant ce divertissement, une Boëte garnie de tres beaux Diamans, mais moins precieuse encore par sa richesse, que parce qu’elle renfermoit le Portrait du plus grand & du plus accomply Monarque de la Terre.
La Course de Testes finit de cette sorte avec le jour, & l’Assemblée se retira avec toute la satisfaction possible, & en méme temps avec toute l’impatience imaginable de voir dans le méme lieu la Course de Bague, qui s’y devoit faire le lendemain.
COVRSES DE BAGVE.
LE Roy qui ne goûte point de plaisir plus doux que celuy qu’il partage avec ses Peuples, & qui fait sa principale joye de celle qu’il donne à ses Sujets, voulut que les Quadrilles se rendissent à l’Arsenal, pour delà prendre leur Marche vers le Camp, c’est-à-dire, traverser toute la Ville dune extremité à l’autre, afin de donner ce divertissement à tous ceux que le lieu destiné pour la Course ne pouvoit contenir ; en quoy il préfera la satisfaction des spectateurs à la regularité, & à la beauté de cette Marche, parce qu’encore qu’elle eût l’avantage de passer par des places & par des ruës tres-spacieuses & tres-belles, comme la Place Royale, la ruë Saint Antoine, la ruë Saint Honoré, & quelques autres, il se rencontroit plusieurs ruës étroites où le spectacle perdoit beaucoup de son lustre & de sa magnificence.
Sa Majesté étant arrivée au Camp, & les Reynes ayans pris leurs places sur le même échafaut du jour précedent ; La Course de Bague commença avec la même ceremonie, en la presence de toute la Cour, & d’une infinité d’autre monde qui se pressoit non seulement sur les échafauts qui entouroient le Camp, mais jusques sur les toîts du Palais des Thuilleries, & de toutes les maisons voisines qui en étoient couvertes de tous côtez.
Le Roy y donna encore des preuves incroyables de son adresse, ayant d’abord emporté la Bague après une Course qui le fit admirer d’un chacun, dont la justesse, la fermeté & la bonne grace étoient encore préferables à l’adresse, dont la Bague fut emportée.
Tous les Avanturiers y firent aussi des merveilles, nonobstant la longueur du canon de la Bague, que la hauteur des Plumes & des aigrettes de leur Coeffure obligea d’augmenter beaucoup, & quoy que la grande ardeur du Soleil qui les ébloüissoit leur ôtast la mesure qui se prend quand la Bague est posée à la juste hauteur.
Chaque Chevalier courut trois fois, non pas de suite, mais après avoir couru une fois, il laissoit courir tous ceux de la Quadrille, & recouroit pour la seconde fois à son rang, & ainsi la troisiéme : Et après que tous les Chevaliers de la premiere Quadrille eurent fourny leurs trois Courses, les Chevaliers de la seconde firent les leurs dans le même ordre, & ainsi les quatre autres Quadrilles consecutivement.
Le Comte de Sault Avanturier de la Quadrille du Prince de Condé, emporta le prix d’un Diamant fort riche que donna la Reyne Mere, aux fanfares des Trompettes & au bruit des Timbales, mais sur tout aux applaudissemens de tous les spectateurs.
Ainsi finit cette superbe feste, dont la magnificence a surpassé celle des plus fameux Tournois, & dont le souvenir ne sortira jamais de la mémoire de tous ceux qui furent assez heureux pour en estre les témoins.
FIN.
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